dimanche, avril 28

Chaque vendredi, Le Monde Afrique vous présente trois nouveautés musicales issues ou inspirées du continent. Cette semaine, Les Amazones d’Afrique affirment la liberté d’expression des femmes, le Guinéen Moh ! Kouyaté dénonce les mariages forcés et la Malienne Fatoumata Diawara s’élève contre l’excision.

« Kuma Fo (What They Say) », des Amazones d’Afrique

Collectif féminin fondé au Mali, en 2014, par les chanteuses Mamani Keïta, Oumou Sangaré et Mariam Doumbia, Les Amazones d’Afrique se sont fait connaître autant par leur engagement en faveur des droits des femmes que par leur inventivité musicale, à mi-chemin entre cultures africaines et pop mondialisée. Ce groupe à géométrie variable s’est depuis ouvert à de nouveaux talents qu’on peut entendre sur le morceau Kuma Fo, extrait de son troisième album, Musow Danse, qui paraît ce vendredi 16 février.

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Sur une production à forte teneur électro signée de l’Irlandais Jacknife Lee, on retrouve Mamani Keïta mais aussi l’Ivoirienne Dobet Gnahoré, la Béninoise Fafa Ruffino, la Burkinabée Kandy Guira et la Congolaise Alvie Bitemo. « Kuma Fo traite de la liberté d’expression des femmes, explique cette dernière. Il s’agit de s’exprimer sans attendre qu’on nous donne la parole, nous devons la saisir. Dans cette chanson, nous disons que si vous apportez la vie, si vous éduquez, si vous organisez la famille, alors vous devez réclamer votre pouvoir : votre pouvoir de femme. »

« Tanoun », de Moh ! Kouyaté (feat. Gabi Hartmann)

En malinké, Mokhôya signifie « humanisme ». C’est le titre qu’a choisi Moh ! Kouyaté pour son dernier album en date, paru en décembre 2023. Après avoir revisité le répertoire traditionnel guinéen dans son précédent opus, Guinea Music All Stars (2020), le chanteur et guitariste né à Conakry explore une veine plus intimiste, en mode quartet, en s’entourant du joueur de kora Séfoudi Kouyaté, du violoncelliste Olivier Koundouno et du trompettiste Camille Passeri.

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« Cela faisait longtemps que je voulais réaliser un album acoustique, précise-t-il. Les confinements m’en ont donné l’occasion en me permettant de revenir à l’essence de la musique et d’être à contrepied des surproductions actuelles. » L’occasion de lancer un certain nombre d’appels à plus de fraternité, de solidarité et d’humanité, comme dans le morceau Tanoun, où il dénonce en compagnie de la chanteuse française Gabi Hartmann le mariage forcé d’une jeune fille avec un homme qui pourrait être son grand-père. En Afrique subsaharienne, 34 % des femmes sont mariées avant leurs 18 ans, selon l’Unicef.

« Sete », de Fatoumata Diawara (feat. Brooklyn Youth Choir)

On ne présente plus Fatoumata Diawara, qui s’est imposée en quelques années comme une figure majeure de la musique africaine en combinant ses racines mandingues avec des influences pop, électro et hip-hop. En témoigne son album London Ko (référence aux capitales britannique et malienne), paru en mai 2023 et coproduit par Damon Albarn (Blur, Gorillaz). « Pour moi, London Ko est synonyme d’ouverture d’esprit, affirme la chanteuse et guitariste. Il représente également la connexion de Damon Albarn à la musique malienne. »

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Parmi les quatorze titres de l’opus, il en est un, dont le clip a été publié en novembre, qui a toute sa place dans cette sélection musicale. Il s’agit de Sete (« ensemble », en bambara), une chanson par laquelle Fatoumata Diawara, en s’associant à une chorale de jeunes de Brooklyn, veut « sensibiliser à la pratique barbare des mutilations génitales féminines et, en même temps, donner aux enfants l’espace qu’ils méritent car ils représentent notre espoir d’un avenir meilleur ». Selon l’Unicef, 89 % des Maliennes âgées de 15 à 49 ans ont été excisées.

Retrouvez tous les coups de cœur musicaux de la rédaction dans la playlist YouTube du Monde Afrique.

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