lundi, mai 6
A Vavoua, en Côte d’Ivoire en 2002.

Sous la pression des planteurs, impatients de profiter de la flambée des cours du cacao sur les marchés internationaux, le gouvernement ivoirien a annoncé, mardi 2 avril, une hausse record du prix minimum garanti aux cultivateurs. Plus 50 % pour la campagne intermédiaire, ouverte d’avril à fin septembre, faisant ainsi passer le kilo de fèves de 1 000 à 1 500 francs CFA (1,52 euro à 2,30 euros). Une semaine plus tôt, la tonne de cacao se négociait à 10 000 dollars (9 300 euros) à la Bourse de New York. Un pic historique dont les producteurs du premier exportateur mondial – 40 % de la production – entendent tirer bénéfice. Plusieurs de leurs syndicats avaient, le 27 mars, suspendu un préavis de grève déposé pour le lendemain, après s’être vu promettre d’imminentes « décisions courageuses » du gouvernement.

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Attendu par les premiers acteurs d’une filière qui contribue à près de 15 % du PIB ivoirien, le ministre de l’agriculture, Kobenan Kouassi Adjoumani, a vanté mardi « un niveau de prix jamais réalisé dans l’histoire de la filière cacao en Côte d’Ivoire » et loué les « efforts exceptionnels » consentis par l’Etat.

Si, de mémoire de cultivateurs ivoiriens, jamais un prix plancher aussi élevé n’avait été atteint, trois syndicats de planteurs, réunis dans les locaux du Conseil café-cacao (CCC), ont « pris acte » de l’augmentation de ce prix plancher « bord champ », acheté directement au producteur, mais préviennent que leur « décision définitive » sera connue le 12 avril, après une réunion de concertation prévue à Daloa (centre-ouest) avec leurs délégués en région. Car s’ils apprécient le geste du gouvernement, leurs revendications concernant « le réexamen » du système de vente à terme n’ont pas été prises en compte. En Côte d’Ivoire, 70 % à 80 % de la récolte est vendue par anticipation à des exportateurs grâce à des enchères électroniques. Le reste par des ventes « spots », au comptant, dans la foulée de la récolte.

Cette demande de réforme a été reprise par les députés du PDCI, le principal parti d’opposition, qui plaident pour une revalorisation du prix plancher à 2 500 francs CFA (3,81 euros) et « une révision de la politique de commercialisation des produits agricoles ivoiriens ».

Réchauffement climatique

« Il a fallu qu’on observe une hausse des prix sur les marchés boursiers pour que de nombreuses langues se mettent à critiquer le système stabilisé au profit du système libéral », leur a rétorqué Kobenan Kouassi Adjoumani, rappelant que la Côte d’Ivoire a déjà expérimenté un système de ventes spots entre 2000 et 2011. « Des montants dérisoires étaient payés aux producteurs lorsque les prix mondiaux venaient à chuter. Souvent, le cacao était payé à moins de 500 francs CFA le kilo », a-t-il soutenu alors que les cultivateurs ivoiriens regardent avec envie leurs homologues camerounais qui revendent ces jours-ci le kilo de cacao aux alentours de 5 000 francs CFA.

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De concert avec le directeur du Conseil café-cacao, Yves Brahima Koné, le ministre de l’agriculture a assuré que la flambée des cours mondiaux profitera aux producteurs ivoiriens avec « un décalage dans le temps » puisque les ventes de la récolte 2024-2025 se feront sur la base du cours qui sera en vigueur au 1er octobre 2024. A condition que les volumes récoltés correspondent aux prévisions.

Car les précipitations diluviennes des dernières années, qui se sont ajoutées à la prolifération du virus de l’œdème des pousses du cacaoyer, réduisent la quantité de fèves récoltées. Pour la saison 2023-2024, le volume espéré de 1,75 million de tonnes est inférieur d’un quart à celui de la campagne précédente. Une poursuite de cette baisse de production, causée notamment par le réchauffement climatique et le vieillissement des vergers, pourrait alimenter la hausse des prix et relancer le débat sur le système de vente anticipé.

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