samedi, avril 27
Zin Mar Aung en marge du 22ᵉ Forum économique mondial sur l’Asie de l’Est à Naypyidaw, le 6 juin 2013.

« Si nous perdons la guerre, le monde démocratique sera perdant aussi. » La quadragénaire aux cheveux courts, qui frissonne dans le hall mal chauffé d’un hôtel parisien, au soir d’un dimanche pluvieux de la fin février, tient un discours familier aux oreilles occidentales, en ces temps de retour de la guerre en Europe : de passage à Paris, Zin Mar Aung, ministre des affaires étrangères du gouvernement d’unité nationale en exil (National Unity Governement ; NUG), prêche cependant pour une cause lointaine, dont le sort n’intéresse pas grand monde en Europe et aux Etats-Unis.

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Alors que la junte militaire au pouvoir semble vaciller sous les coups de boutoir des différents mouvements de résistance armés, les responsables de l’opposition au régime militaire du général Min Aung Hlaing s’avouent frustrés du manque d’empressement de la sphère démocratique mondiale à les aider : « Les pays occidentaux ont certes imposé des sanctions économiques à la Birmanie, mais ces pressions ne sont pas suffisantes, déplore Zin Mar Aung. La façon dont ils dialoguent avec nous reste trop informelle et, même s’ils nous écoutent et apportent un soutien moral, jamais ils ne vont jusqu’à légitimer les représentants de notre gouvernement. » Elle constate, visiblement amère : « Non seulement ils ne nous donnent pas d’armes, mais ils ne nous fournissent aucune aide humanitaire, alors que deux millions sept cent mille Birmans ont été déplacés à cause des combats. »

Le NUG a été formé au lendemain du coup d’Etat militaire du 1er février 2021. Depuis, il est devenu l’incarnation de la résistance aux militaires, tandis que presque tout le pays s’est embrasé contre la junte. Mais le NUG, peu ou prou émanation du gouvernement renversé de la célèbre dirigeante Aung San Suu Kyi, peine à s’imposer, surtout diplomatiquement. Nombre d’observateurs estiment que son contrôle effectif des zones « libérées » est d’autant plus mince que, dans les sept Etats où vivent les principales ethnies minoritaires, les guérillas locales mènent leurs propres batailles. Sans trop se soucier des décisions du NUG.

« Une gouvernance locale »

« En tant que gouvernement, nous n’interférons pas dans les Etats ethniques où les guérillas [sont en position de force], se justifie Zin Mar Aung. Nous sommes engagés dans un dialogue avec les représentants de ces guérillas, et nous avons opté, dès le lendemain du putsch, pour l’établissement d’une “charte fédérale” qui garantira un système inclusif et l’autodétermination [des minorités ethniques] », assure la ministre, qui fut députée avant le coup d’Etat. Elle ajoute, un peu bravache : « Après la guerre, si certaines minorités souhaitent leur complète indépendance, pourquoi pas, c’est au peuple de décider ! » Audacieuse promesse dans cette « Union du Myanmar », déjà lieu de toutes les désunions…

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