vendredi, mai 10

Recruter des personnalités politiques européennes pour légitimer le pouvoir de Vladimir Poutine devient compliqué, mais Moscou continue à trouver des parades. Dans un rapport publié vendredi 26 avril, l’ONG allemande European Platform for Democratic Elections (EPDE) dévoile l’identité de 183 « “observateurs” et “experts” étrangers » invités par les autorités russes pour observer le scrutin présidentiel de mars 2024 ayant conduit à l’élection pour un cinquième mandat de Vladimir Poutine. Un scrutin qualifié par le Parlement européen d’« illégitime et antidémocratique », et qui a été précédé par la mort de l’opposant Alexeï Navalny, dans une prison russe, le 16 février.

Depuis l’annexion de la Crimée en 2014, le régime de M. Poutine invite en Russie des élus et des personnalités médiatiques européennes pour légitimer des violations du droit international (annexions territoriales) et des règles démocratiques dévoyées (scrutins truqués) auprès du public russe comme de la communauté internationale. Les personnalités étrangères invitées sont exhibées dans les médias russes comme une caution « démocratique », approuvant les actions du Kremlin. Aux présidentielles de 2018 figuraient entre autres parmi les observateurs français l’ancien ambassadeur à Moscou Jean Cadet, le député du Rassemblement national Gilbert Collard, le sénateur Union des démocrates et indépendants Joël Guérriau, et Thierry Mariani, alors membre du parti Les Républicains.

En parallèle, les autorités russes ont progressivement réduit leur tolérance à l’égard des observateurs indépendants et qualifiés, notamment ceux de l’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), dont la Russie est membre. Pour le dernier scrutin présidentiel, le niveau très élevé de fraude (censure des médias, exclusion et répression de toute véritable opposition, sélection soigneuse des « candidats rivaux », contrôle des électeurs jusque dans les bureaux de vote, bourrage des urnes et falsification des résultats) a conduit le Kremlin à organiser un simulacre d’observation tandis que toute observation indépendante était bannie.

Mise en scène

Cette mise en scène, sous l’égide de la Commission électorale centrale (CEC) de Russie, a consisté à inviter 1 115 « observateurs et experts internationaux » venant de 129 pays. « Nous connaissons des cas où les observateurs ont été contactés par des pseudo-ONG, par la Chambre civique de Russie et par le Sénat fédéral », signale la présidente du conseil d’administration de l’EPDE, Stefanie Schiffer. Le rapport n’a pu déterminer si les observateurs ont été payés par la Russie, mais Mme Schiffer subodore qu’ils ont été au minimum défrayés du voyage, prenant l’exemple d’un invité allemand, député régional, ayant déclaré le remboursement de ses frais.

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