dimanche, avril 28

Le succès de la « fast fashion » ces dernières années a suscité une explosion du nombre de vêtements usagés de basse qualité collectés par les associations caritatives. Au même moment, les dons d’habits de marque ont drastiquement chuté car leurs propriétaires les revendent désormais souvent en ligne par des sites Internet spécialisés.

Pour les associations, le défi est redoutable, car ces stocks bas de gamme qu’elles collectent sont désormais refusés par les pays africains. Une « aide » qui les empêchait de développer leur prêt à porter local et qui provoquait de graves dégâts sur l’environnement, avec des fripes inutilisables finissant incinérées ou abandonnées dans des décharges à ciel ouvert.

Ce système pervers a été largement dénoncé. Mais sa fin programmée met en péril le modèle économique d’associations caritatives qui financent traditionnellement leurs activités sociales en monnayant ainsi des habits usagés reçus gratuitement.

Boutiques associatives

Quelles solutions ? Nos recherches, menées au Royaume-Uni, en France, aux Etats-Unis et dans plusieurs pays d’Asie permettent de tracer des voies.

Le cas britannique est particulièrement intéressant, avec une consommation débridée de fast fashion, deux fois plus importante qu’en France, et un système associatif qui s’y est adapté.

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Améliorer les conditions de la collecte apparaît comme une priorité. En France, les gens viennent déposer les vêtements qu’ils veulent donner dans quelque 25 000 conteneurs placés sur les trottoirs et les parkings. Un système pratique, mais qui ne permet pas le contrôle qualité des dépôts.

La présence au Royaume-Uni de quelque onze mille boutiques associatives change la donne. Ces magasins collectent en effet la moitié des vêtements usagés donnés outre-Manche, et dans de bien meilleures conditions : en moyenne 35 % des habits cédés sont rachetés par des clients locaux, pour seulement 15 % de ceux qui sont déposés dans les conteneurs.

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Ces magasins qu’on appelle des charity shops jouent par ailleurs un rôle important d’intégration sociale, employant 70 000 salariés, aux parcours parfois cabossés, et quelque 230 000 bénévoles. Ils sont très populaires pour les bonnes affaires qu’on peut y faire et fréquentés par une large clientèle.

Des accords avec des marques

Ce modèle commence à se développer en France. Depuis 2020, la Croix-Rouge française a par exemple créé des boutiques de seconde main, sous la marque Chez Henry, tenues aussi par des équipes majoritairement bénévoles. Mais ces magasins associatifs spécialisés dans les produits d’occasion restent pour l’instant quatre fois moins nombreux en France qu’au Royaume-Uni. La marge de progression est considérable.

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