mercredi, mai 1

Un policier jugé pour violences aggravées sur un manifestant à Rouen en 2020 a été condamné à six mois de prison avec sursis, jeudi 15 février, par le tribunal correctionnel de la ville pour avoir frappé un « gilet jaune » lors d’une manifestation contre la réforme des retraites.

Ce policier avait d’abord déposé plainte lui-même pour violences avant que l’enquête, par une vidéo indépendante, démontre que c’était lui qui avait commis des violences de manière illégitime. Le tribunal l’a reconnu coupable d’avoir porté un coup de matraque et un coup de pied à un manifestant non violent qui portait secours à une femme tombée dans la rue du Gros-Horloge.

Ce policier, aujourd’hui CRS, officiait à la compagnie départementale d’intervention au moment des faits. « J’ai toujours respecté la déontologie, il a donné des coups de pied dans un bouclier de collègue. C’est du maintien de l’ordre », a déclaré le prévenu. « Personne parmi les policiers interrogés n’a vu de coup de pied de la part de la victime », lui a rétorqué la juge.

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« Un usage de la force illégitime »

Chloé Chalot, avocate de la victime, a noté qu’il avait fallu « une vidéo pour que [son] client soit de [l’autre] côté du banc aujourd’hui. Dans ce dossier, c’est le policier qui agresse et qui porte plainte contre la victime. Alors qu’il a porté des coups, il se signale en tant que victime. C’est inquiétant. »

Le parquet avait requis six mois de prison avec sursis et six mois d’interdiction de détenir une arme à titre de peine complémentaire. « Il y a la foule, il y a du monde, ce n’est pas une époque facile pour les forces de l’ordre, mais on ne peut pas comprendre un usage de la force illégitime. Il n’y a aucune proportionnalité lorsqu’il s’en prend à la victime. Cela est inexcusable, il est pourtant formé aux techniques d’intervention », a estimé Clémence Eblé, du ministère public.

Selon Jonathan Proust, avocat du policier, « ce dossier fait abstraction du contexte de l’époque. Combien de projectiles, de pavés, ont-ils reçus pendant des semaines ? On le poursuit sur la base d’éléments fragiles, et, au bénéfice du doute, il faut le relaxer. Le plaignant a fait des déclarations incohérentes. »

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Le Monde avec AFP

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