vendredi, mai 3
Thierry Ardisson, en 2022.

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Il est venu en voisin. Le 11 avril, Thierry Ardisson était convié au 55 de la rue du Faubourg-Saint-Honoré, dans le 8e arrondissement parisien. A l’Elysée donc, pour être fait chevalier de la Légion d’honneur par Emmanuel Macron. A quelques pas de chez lui, au numéro 93 de la même rue, où l’animateur et producteur invita un temps personnalités, écrivains et stars du moment, lors de dîners filmés dans l’émission « 93 Faubourg Saint-Honoré », diffusée sur Paris Première de 2003 à 2007. Honorant sa carrière, le président de la République a salué un « personnage d’une liberté totale, provocateur et érudit ». De quoi déclencher une vive polémique, notamment à la suite de la présence dans le documentaire autobiographique de Christine Angot, Une famille (en salle), d’un extrait d’une émission datant de 2000 où la romancière, invitée, avait subi des moqueries concernant l’inceste dont elle a été victime.

Tour à tour égratigné ou célébré dans ces colonnes, « l’homme en noir » a rarement laissé indifférent. Thierry Ardisson s’invite dans Le Monde de manière anecdotique, le 20 novembre 1978. Dans une tribune, le réalisateur Claude Massot s’inquiète de l’éclatement de l’ORTF. Parmi une liste de projets abandonnés, il cite une série intitulée Les Charmes discrets des colonies, sur laquelle avait travaillé « l’auteur Thierry Ardisson ».

Son nom met deux ans à réapparaître, le 1er septembre 1980, au détour d’un droit de réponse et d’une polémique autour de ses méthodes d’interview. Thierry Ardisson n’a guère goûté le titre d’un article, « Noah, piégé, se défend », dans lequel l’envoyé spécial du Monde au tournoi de tennis de Flushing Meadows revient sur une mésaventure de Yannick Noah. Le sportif, « parti en fête “avec des potes” », s’est lâché sur le sujet du dopage, avant de voir ses propos publiés dans le magazine Rock & Folk. Mais Thierry Ardisson, qui, avec son collègue Jean-Luc Maître, a recueilli la parole du sportif, l’assure : nul piège tendu au champion, il n’avait bu « rien d’autre que du sirop de cassis » durant l’entretien.

Il multiplie ces interviews sous forme d’interrogatoires, publiées dans Rock & Folk, avant d’être compilées dans un livre que salue Raphaël Sorin, le 8 juin 1984. Aux yeux du collaborateur du Monde, également éditeur, la technique de ces « deux journalistes venus de la publicité et du roman (…) est très au point : Ardisson et Maître enregistrent l’équivalent de cent quatre-vingts pages d’entretiens pour en conserver dix-huit. » La méthode Ardisson est déjà là. Elle va exploser sur petit écran.

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