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Hommage aux victimes de l’écroulement des immeubles de la rue d’Aubagne à Marseille, en novembre 2019.

Six ans, presque jour pour jour, après l’effondrement, provoquant la mort de huit personnes, de deux immeubles de la rue d’Aubagne dans le centre-ville de Marseille, le procès des responsables présumés de ce drame de l’habitat indigne pourrait s’ouvrir le 7 novembre. C’est la date provisoirement retenue par le parquet pour des audiences tant attendues par les 72 parties civiles, proches des locataires décédés et personnes blessées. Attendues également par toute une ville durablement meurtrie par cette catastrophe, le 5 novembre 2018 à 9 h 07, qui a fait prendre conscience de l’étendue du mal-logement dans la deuxième ville de France.

Le parquet de Marseille a requis, jeudi 14 mars, le renvoi devant le tribunal correctionnel uniquement pour « homicides involontaires » et « blessures involontaires » des quatre mis en examen : Richard Carta, architecte marseillais nommé, deux semaines avant l’effondrement, comme expert judiciaire dans le cadre d’une procédure de péril grave et imminent lancée par la mairie ; Julien Ruas, un directeur de maison de retraite, ancien adjoint au maire Jean-Claude Gaudin délégué depuis 2014 à la prévention et à la gestion des risques ; ainsi que deux personnes morales ; Marseille Habitat, une société d’économie mixte municipale, propriétaire du 63 rue d’Aubagne, un immeuble vide ; et la SARL cabinet Liautard, syndic de l’immeuble du 65 rue d’Aubagne, habité par les victimes.

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Dernier acte d’une longue enquête, l’ordonnance de renvoi des trois juges d’instruction du pôle « Accidents collectifs » du tribunal judiciaire devrait intervenir rapidement et fixer au 30 mai une audience préparatoire de mise en état du dossier.

Un « drame de la routine »

« Personne ne pouvait prédire un effondrement », convient, dans son réquisitoire définitif, Michel Sastre, premier vice-procureur, avant de détailler au fil de 135 pages les « fautes caractérisées » commises par les mis en examen, « qui ont exposé autrui à un risque d’une particulière gravité ». Recensant les innombrables signes avant-coureurs et détaillant les neuf expertises judiciaires conduites depuis 2005 sur ces immeubles, « on ne peut qu’être frappé, écrit le magistrat, par le nombre d’intervenants qui ont eu à connaître [leur] fragilité structurelle sans en tirer les conséquences qui s’imposaient ». Un « drame de la routine », selon M. Sastre, qui pointe « une absence de curiosité », « une accoutumance [des professionnels] à la vétusté des bâtiments dans lesquels ils exerçaient leurs métiers, qui a occulté leur vigilance car un simple examen visuel des façades est édifiant, même pour un profane du bâtiment ».

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