vendredi, mai 17

« Des étudiants magistrats dénoncent des abus ». Le 9 avril, Le Monde faisait ainsi état de réponses d’élèves (auditeurs de justice) de l’Ecole nationale de la magistrature (ENM) à un questionnaire du Syndicat de la magistrature sur leur stage en juridiction. Elles évoquaient en nombre significatif des difficultés sous la forme d’un « comportement humiliant ou dégradant » du maître de stage, parfois de « violences verbales » ou de comportements « racistes, sexistes, validistes ou homophobes », de harcèlement, d’un cas d’« abus sexuel ».

En stage juridictionnel, l’auditeur se familiarise concrètement avec chacune des fonctions de juge ou de magistrat du parquet qu’il pourra exercer à l’issue de la formation. Il accomplit progressivement les actes que comporte chaque fonction dans des procédures réelles avec de « vrais justiciables », leurs avocats, des témoins, sous la supervision du magistrat chargé de ces procédures, maître de stage, qui signe les actes et en endosse la responsabilité. C’est essentiel pour acquérir la maîtrise et l’habileté nécessaires à un exercice satisfaisant des fonctions du siège ou du parquet.

Dans chaque juridiction de stage, l’ENM désigne un magistrat comme directeur de centre de stage. Il affecte les auditeurs successivement auprès des maîtres de stage exerçant les différentes fonctions judiciaires, veillant à mobiliser ses collègues les plus disponibles quant à leur charge de travail et leur intérêt pour la formation, leur aptitude à la relation pédagogique.

Lire aussi la tribune (2020) : Article réservé à nos abonnés Chantal Arens et François Molins : « Les magistrats sont inquiets de la situation dans laquelle se trouve l’institution judiciaire »

La dernière promotion de l’ENM compte 459 auditeurs. Les « centres de stage » doivent simultanément accueillir des futurs magistrats issus d’autres modes de recrutement. Il faut aujourd’hui mobiliser des milliers de maîtres de stage, à la charge de travail déjà lourde. Comment garantir, alors, un stage aux apprentissages « techniques » inscrits dans une relation pédagogique dense, ouverte aux échanges, au dialogue ?

« Peur des conséquences »

L’ENM, contrainte d’élargir son choix des maîtres de stage, devra veiller au cadre déontologique de la relation de formation. Le respect, par les magistrats, de leur déontologie exposée dans le recueil des obligations déontologiques établi par le Conseil supérieur de la magistrature (CSM) implique des relations empreintes de délicatesse avec les justiciables, les témoins, les auxiliaires de justice notamment, et un comportement respectueux de la dignité des personnes et attentif à l’écoute de l’autre. Ces principes ne peuvent être délaissés dans la relation de formation.

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