vendredi, mai 17
Gérard Depardieu lors de la conférence de presse du film « Saint Amour » à la Berlinale, à Berlin, le 19 février 2016.

C’est l’aboutissement d’une série de plaintes déposées début 2024. Lundi 29 avril, au terme d’une journée de garde à vue, Gérard Depardieu s’est vu remettre une convocation à comparaître devant le tribunal correctionnel en octobre. « Il sera jugé (…) pour des agressions sexuelles susceptibles d’avoir été commises en septembre 2021 au préjudice de deux victimes, sur le tournage du film Les Volets verts », précise le parquet de Paris. Une troisième plainte, portant sur des faits survenus en 2014 sur le tournage du film Le Magicien et les Siamois, est susceptible d’être frappée de prescription.

L’acteur de 75 ans, présumé innocent, conteste les faits qui lui sont reprochés. Contactés, ses avocats, Mes Saint-Palais et Geissmann-Achille, n’ont pas répondu aux sollicitations du Monde.

« Mes clientes ont confiance dans la justice. Si le parquet a décidé de poursuivre M. Depardieu, c’est qu’il estime qu’il a suffisamment d’éléments », estime pour sa part Carine Durrieu-Diebolt, avocate de deux des trois plaignantes. « Il est temps qu’il soit jugé pour les violences sexuelles dénoncées depuis des années. Il est aussi temps qu’il y ait une loi sur la prescription glissante », poursuit-elle. Cette notion, qui existe pour les victimes mineures, permet de prolonger les délais de poursuite d’une agression ancienne si l’auteur des faits a commis d’autres agressions ultérieures, non prescrites pour leur part.

Les témoignages contre l’acteur ont commencé dès 2018. Dans le sillage de #metoo, la page « Paye ton tournage » – qui partage sur les réseaux sociaux des récits anonymes de violences sexuelles dans le cinéma – lance un appel concernant Gérard Depardieu, sans nommer directement l’acteur, après avoir reçu deux alertes le concernant. Cette même année, l’actrice Charlotte Arnould, alors âgée de 23 ans, porte plainte pour « viol » et « agression sexuelle », entraînant une première mise en examen de l’acteur en 2020.

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« Il m’a lancé : “On se reverra, ma chérie !” »

Mais c’est seulement trois ans plus tard qu’une série d’événements précipite le dépôt de trois nouvelles plaintes, selon le récit des plaignantes. En avril 2023, Mediapart publie les témoignages de treize femmes accusant le septuagénaire de violences sexuelles. L’acteur conteste toute violence sexuelle dans une lettre ouverte publiée en octobre par Le Figaro. « Jamais au grand jamais je n’ai abusé d’une femme, écrit-il. Faire du mal à une femme, ce serait comme donner des coups de pied dans le ventre de ma propre mère. » Le 7 décembre 2023, l’émission « Complément d’enquête » diffuse des archives dans lesquelles M. Depardieu sexualise une petite fille. Ce qui n’empêche pas 56 personnalités du monde de la culture de signer fin décembre une tribune de soutien à l’acteur dans Le Figaro.

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