vendredi, mai 17

Les clubs de football professionnels français vont-ils bientôt recevoir la visite des policiers de la Brigade de répression de la délinquance faite aux personnes (BRDP) ? Le parquet de Paris a confirmé au Monde, mardi 30 avril, avoir saisi la BRDP, dans le cadre d’une enquête préliminaire, à la suite d’un signalement émis en janvier par l’Union nationale des footballeurs professionnels (UNFP), le syndicat des joueurs.

Comme Le Monde l’avait révélé, ce signalement avait été envoyé au parquet par l’UNFP contre X pour des faits présumés d’« extorsion », « tentative d’extorsion », « harcèlement moral » et « complicité de ces délits ».

Le syndicat entendait ainsi dénoncer à la justice les dérives du « loft », une pratique largement entretenue par les clubs français, qui consiste en une mise au placard des joueurs considérés par leur employeur comme « indésirables » pour diverses raisons (refus de prolonger ou d’être transféré avant le terme de leur contrat) et mis à l’écart du groupe professionnel pendant le mercato, la période des transferts.

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Mis au ban du quotidien du club, le joueur concerné – à l’instar de la star Kylian Mbappé, lors de son bras de fer, autour de son contrat, avec les dirigeants du Paris-Saint-Germain à l’été 2023 – peut se voir refuser l’accès aux vestiaires de l’équipe première, est écarté du groupe professionnel tant à l’entraînement qu’en match, n’a plus accès aux mêmes soins (service médical ou de kinésithérapie) et se retrouve exclu de la communication du club sur Internet ou dans les campagnes publicitaires.

Une cinquantaine de victimes

Cette procédure pénale devrait très probablement être jointe à l’enquête préliminaire, également confiée à la BRDP, et ouverte en mars par le parquet de Paris pour « harcèlement moral » et « discrimination », à la suite du signalement du président de l’association « Les ouvriers du vivre ensemble », dénonçant, elle aussi, la pratique du « loft ».

Contactés, les avocats de l’UNFP, Julia Minkowski et Léon del Forno, du cabinet Temime, n’ont pas souhaité faire de commentaire à ce stade de la procédure. « L’extorsion est un levier pour les clubs. Il y a une contrainte morale et une contrainte économique, observaient, en janvier, les avocats de l’UNFP. Les quelque quarante clubs professionnels [français] forment un écosystème très concentré, et s’entendent pour imposer ces pratiques qui permettent l’extorsion. » « Nous sommes déçus d’avoir dû prendre ce chemin pénal à défaut d’avoir pu avancer grâce au dialogue social », déplore de son côté David Terrier, le vice-président de l’UNFP.

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