jeudi, mai 2
L’ancien président français Nicolas Sarkozy quitte la salle après le verdict de son procès en appel dans l’affaire Bygmalion, au palais de justice de Paris, le 14 février 2024.

L’affaire Bygmalion n’est plus. Elle est l’affaire des comptes de campagne de Nicolas Sarkozy, président sortant et candidat à sa réélection en 2012, qui a dépassé de 22 millions le plafond des dépenses électorales, soit le double du montant autorisé par la loi.

Les dix prévenus qui avaient fait appel de leur condamnation pénale, dont Nicolas Sarkozy, ont vu leur culpabilité confirmée par la cour d’appel de Paris, mardi 14 février. Il faudra attendre quelques jours pour avoir la motivation de la décision, mais les peines prononcées établissent déjà symboliquement une hiérarchie : seuls les « politiques » au sens large sont condamnés à une part d’emprisonnement ferme – six mois aménageables – alors qu’elles sont intégralement assorties du sursis pour les deux anciens responsables de la société Bygmalion, organisatrice des meetings.

La décision de la cour confirme ainsi le jugement rendu en septembre 2021 par les premiers juges. Nicolas Sarkozy n’a pas seulement une responsabilité « politique » comme il l’a toujours soutenu, mais bien une responsabilité pénale.

Au bénéfice exclusif du candidat

S’il ne lui a jamais été reproché d’avoir organisé la fraude, les juges considèrent que celle-ci a été réalisée à son bénéfice exclusif de candidat. En poursuivant ses meetings, toujours plus nombreux, toujours plus chers, toujours plus techniquement performants, alors même qu’il avait été destinataire de deux notes d’alerte sur le dépassement des dépenses, l’ancien président a failli à sa responsabilité qui est de respecter la loi, garante de l’égalité entre les candidats, et de s’assurer de l’authenticité de ses comptes de campagne.

« Cette lutte titanesque de l’élection présidentielle, [Nicolas Sarkozy] veut la gagner. Que pèse alors dans la balance cette misérable contrainte budgétaire ? », avait observé l’avocat général Bruno Revel dans son réquisitoire, en soulignant : « Le maître de la campagne, c’est le candidat. »

Au cours des débats, Nicolas Sarkozy avait affirmé avoir tout ignoré de ce dépassement en s’emportant contre ceux qui décrivaient une « campagne en or massif », avant de mettre en cause les marges considérables réalisées à son insu, affirmait-il, par la société Bygmalion.

« Mais quelle est cette fable d’une espèce de fou auquel on ne pouvait pas dire non ? J’ai fait 42 meetings en 2007, 44 en 2012. Il est où l’emballement ? La seule différence, c’est qu’en 2007, il n’y avait pas Bygmalion ! », tempêtait-il. L’argument n’a pas convaincu les juges.

« Ma priorité, c’était de gagner »

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