vendredi, mai 3
Yves Montand et Simone Signoret, en vacances sur la Côte d'Azur, en juillet 1951.

FRANCE 4 – SAMEDI 24 FÉVRIER À 23 H 00 – DOCUMENTAIRE

« Depuis mon adolescence, la figure de Montand accompagne ma vie. » S’il ne devait rester qu’un inconditionnel d’Yves Montand, ce serait cet autre Yves, Jeuland, documentariste connu et reconnu pour son talent à dénicher les images, à déshabiller les icônes, à dévoiler la part d’ombre des mythes.

On l’a connu plus distancié, plus caustique – voir son documentaire sur Georges Frêche, sa semaine en immersion à l’Elysée ou son Extravagant Monsieur Piccoli… Mais Yves Jeuland assume, et commente à la première personne cet « inventaire affectif de coups de gueule, de coups de cœur et d’applaudissements ».

Après Charlie Chaplin, le génie de la liberté, le voilà donc, aux côtés de son complice Vincent Josse, sur les traces du « prolo chantant ». Dans le sillage du jeune Ivo Livi, ce « petit immigré italien débarqué à Marseille à l’âge de 2 ans et demi ». Pétri d’ambition mais aussi d’angoisses, le Montand débutant tient, à 19 ans, un journal dans lequel « il colle et collecte tous les articles rapportant ses exploits ». Il mettra deux ans à se remettre de sa rupture avec Edith Piaf : « J’crois pas qu’on en ait des kilos des vraies histoires d’amour comme ça », confiait l’acteur des années après.

« Autodidacte »

Suivent la rencontre avec Simone Signoret, avec Jacques Prévert (Les Feuilles mortes…), le compagnonnage puis la rupture avec le Parti communiste – le tournage de L’Aveu, de Costa-Gavras, en 1970, sur la tragédie du Tchèque Artur London, condamné lors des procès de Prague en 1952 à se renier au nom d’une idéologie qu’il n’a cessé de servir, vaudra à Ivo Livi de rester fâché plus de vingt ans avec son frère, alors membre du parti et dirigeant de la CGT. « Je ne conçois pas ce travail sans être en harmonie avec les choses qui se passent autour de moi », dira Montand.

Son chemin croise alors celui de Claude Sautet, « tout aussi déterminant que Costa-Gavras », selon Yves Jeuland. Ce sera César et Rosalie, en 1972, avec Romy Schneider, Vincent, François, Paul… et les autres, avec deux autres Italiens, Piccoli et Reggiani.

Lire le récit : Article réservé à nos abonnés Autheuil, la « colo » engagée d’Yves Montand et Simone Signoret

Des images d’archives (visuelles et sonores), soigneusement mises en scène, nous content enfin l’acteur vieillissant qui reconnaît, lorsqu’il se vit proposer par Claude Berri le rôle du Papet dans Jean de Florette (1986), avoir d’abord été vexé : « J’avais pas envie de devenir un vieux monsieur. »

Jeune ou vieux, Yves Montand a incarné le XXe siècle, en « autodidacte qui tente de devenir numéro 1 dans sa partie », dit le réalisateur du documentaire. Avec ce vrai-faux panégyrique tout en clair-obscur, qui fut projeté en compétition officielle de Cannes Classics au Festival de Cannes 2021, pour le centenaire de l’acteur, l’homme qui ne voulait pas apparaître comme un vieux monsieur peut tirer son fameux chapeau à Yves Jeuland : il a gagné ses galons de grand monsieur.

Montand est à nous, documentaire d’Yves Jeuland, écrit avec Vincent Josse (Fr., 2021, 95 min).

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