mardi, mai 7
Marco Bellocchio dans la série documentaire « L’Image originelle », de Pierre-Henri Gibert.

CINÉ+ CLUB ET MYCANAL – SAMEDI 23 MARS À 13 H 00 – SÉRIE DOCUMENTAIRE

D’où sortent les cinéastes ? Et les cinéastes, d’où sortent-ils leurs films ? Modestement, finement, la série de documentaires de Pierre-Henri Gibert expose le labyrinthe des réponses que les intéressés apportent à ces questions. En 2018, une première série donnait la parole à Olivier Assayas, Xavier Dolan, David Lynch, Michel Ocelot et Lars von Trier. Cette fois, ce sont Marco Bellocchio, Agnès Jaoui, Naomi Kawase, Cédric Klapisch et Joachim Trier qui reviennent sur leur naissance au cinéma, à travers le souvenir de leur premier long-métrage.

A chaque fois, on retrouve ce mystérieux alliage d’histoire intime et de pulsion esthétique, façonné par les circonstances familiales et historiques. Naomi Kawase évoque son enfance tourmentée par le doute sur sa filiation, auquel elle oppose une résolution d’airain. Sans ciller, la réalisatrice japonaise raconte comment elle a isolé du reste de l’équipe l’actrice débutante qui tenait le premier rôle dans Suzaku, son premier long-métrage de fiction (1997), afin que la comédienne dépérisse à l’écran de manière plus convaincante.

A l’autre bout du monde, à Oslo, Joachim Trier évoque une enfance nourrie de cinéma par des parents qui le pratiquaient comme métier, mais aussi le souvenir d’un grand-père lui-même réalisateur rongé par l’insuccès.

Métamorphoses du métier

Son premier film, Nouvelle donne (2006), est aussi le moment de la constitution d’une troupe qui réunit le scénariste Eskil Vogt et l’acteur Anders Danielsen Lie, groupe encore opératoire à ce jour. La série est ainsi l’occasion d’esquisser les métamorphoses du métier d’auteur de cinéma, dans ses méthodes, ses relations aux institutions, à l’argent.

L’intérêt que l’on trouvera à chaque film est bien sûr étroitement corrélé à celui que l’on porte à l’œuvre de son protagoniste. Parce que Marco Bellocchio a commencé à édifier la sienne en 1965, avec Les Poings dans les poches, et qu’elle continue de croître soixante ans plus tard, le film consacré à l’auteur de Buongiorno, notte (2003) en impose d’emblée par son ampleur. Mais aussi par la fièvre qui prend Bellocchio au moment de raconter la genèse et la naissance des Poings dans les poches (disponible pour les abonnés de Mubi et à la demande sur les plates-formes de VoD).

Fil conducteur

L’octogénaire semble saisi par des émotions très anciennes, dominées par le souvenir d’un frère schizophrène dont la présence violente dans la maison familiale a laissé des cicatrices qui ne demandent qu’à se rouvrir. Le montage de Pierre-Henri Gibert met en regard les souvenirs de Bellocchio et les plans de fiction qu’ils ont nourri. Comme dans les autres films de la série, le documentariste s’avance plus avant dans le temps pour tenter de trouver le fil conducteur qui court entre le premier et le dernier (en date) des films de l’auteur.

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