dimanche, mai 19
L’actrice Olivia Pavlou-Graham reçoit le Molière de la révélation féminine pour « 4 211 km » lors de la 35ᵉ cérémonie de remise des Molières, au théâtre des Folies-Bergère, à Paris, le 6 mai 2024.

Féministe et politique dans ses discours, éclectique dans son palmarès : la 35e Nuit des Molières, retransmise lundi 6 mai sur France 2, n’a pas attribué une flopée de statuettes à un même spectacle, pour une fois, mais elle n’a pas échappé aux sujets d’actualité qui bouleversent le monde et aux inquiétudes du secteur du spectacle vivant en France.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Au théâtre, les récits de Gurshad Shaheman, Aïla Navidi et Emilienne Malfatto témoignent de la vie des femmes au Moyen-Orient

Sur la scène parisienne des Folies-Bergère, l’humoriste Caroline Vigneaux, maîtresse de cérémonie, a eu beau promettre, avec énergie, que le « seul but » de la soirée était de « divertir », les intermèdes sans grand éclat n’ont pas suffi à détendre l’ambiance. L’heure était surtout aux messages.

Sophia Aram (Molière du spectacle d’humour pour Le Monde d’après) a dénoncé le « silence » du monde la culture après les massacres du 7-Octobre. « Comment être solidaires des milliers de civils morts à Gaza sans être aussi solidaires des victimes israéliennes ? Comment exiger d’Israël un cessez-le-feu sans exiger la libération des otages israéliens ? Comment réclamer le départ de Nétanyahou sans réclamer celui du Hamas ? », s’est interrogée la chroniqueuse de France Inter, largement applaudie.

Des « nuages qui s’amoncellent »

La cause des femmes, le sexisme et les violences qu’elles subissent, a presque été le fil rouge de la soirée, sous l’impulsion de la féministe Caroline Vigneaux. Quant à la ministre de la culture, Rachida Dati, elle n’a pas seulement été interpellée par un comédien de la CGT-Spectacle sur les coupes budgétaires qui touche la culture. Même le président des Molières, Jean-Marc Dumontet, toujours prompt, habituellement, à vanter les bienfaits de la politique culturelle, n’a pas caché ses inquiétudes face aux « nuages qui s’amoncellent » sur le système de l’intermittence du spectacle.

Lire l’enquête | Article réservé à nos abonnés Le ministère de la culture puise dans ses crédits de réserve pour faire face aux coupes budgétaires

S’adressant à la ministre, le producteur a également souligné à quel point, « dans une société fragmentée et face à la montée des extrêmes, la culture a un vrai rôle à jouer ». Rappelant avec force que « sans liberté d’expression et de création, il n’y a pas de démocratie », le président des Molières a aussi évoqué le sort du rappeur iranien Toomaj Salehi, « un jeune artiste victime de la barbarie et de l’obscurantisme d’un régime moyenâgeux condamné à mort pour une chanson ».

Côté palmarès, c’est d’ailleurs un spectacle évoquant l’exil en France d’une couple iranien fuyant dans les années 1980 le régime islamique, 4 211 km, de Aïla Navidi, qui a été récompensé à deux reprises (meilleur spectacle de théâtre privé et révélation féminine pour Olivia Pavlou-Graham).

Il vous reste 52.17% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version