mercredi, mai 8
A gauche, Margot Robbie dans une scène du film « Barbie » ; à droite, Cillian Murphy dans le film « Oppenheimer ». Ces deux films ont été des  blockbusters en 2023.

La 96e cérémonie des Oscars, qui sera célébrée dimanche 10 mars, tentera de faire croire à la résurrection du cinéma hollywoodien après l’annonce de son décès dans le sillage de la pandémie de Covid-19. Au long de l’été 2023, l’industrie américaine du cinéma a fait provision d’optimisme avec le double succès de Barbie (1,44 milliard de dollars de recettes en salle, soit 1,32 milliard d’euros, dont 636 millions aux Etats-Unis) et d’Oppenheimer (957 millions de dollars, dont 329 millions aux Etats-Unis), longs-métrages produits par des studios de cinéma (par opposition aux plates-formes de streaming), Warner et Universal, aussi bien accueillis par le public que par la critique. Ce stock de bonne humeur n’est pas encore tout à fait épuisé et l’on prolongera l’illusion de cette renaissance le temps d’une soirée.

Lire le décryptage : Avec « Barbie », Greta Gerwig entre dans le club très masculin des films qui ont rapporté plus de 1 milliard de dollars

A eux deux, les films de Greta Gerwig et de Christopher Nolan, réunis sous le sobriquet de « Barbenheimer », cumulent vingt et une nominations. Le premier a démontré qu’un divertissement commercial (au commencement était un jouet) pouvait être élevé au statut d’œuvre d’art, le second qu’un sujet abscons fait d’atomes et d’histoire désormais ancienne était capable de déplacer les foules. Pendant quelques semaines, on a voulu croire qu’il était encore possible d’asseoir l’économie américaine du cinéma sur l’exploitation en salle.

Le sort d’autres nommés raconte une autre histoire. Financé par Apple, Killers of the Flower Moon (dix nominations) a rapporté 157 millions de dollars, dont 68 millions aux Etats-Unis, alors que le film de Martin Scorsese a coûté plus de 200 millions de dollars. Pour un studio classique, ce serait une catastrophe. Pour Apple, dont les poches sont plus profondes que la fosse des Mariannes, c’est un investissement destiné à recruter des abonnés pour sa plate-forme.

La salle n’est qu’une vitrine

Les spectateurs américains ont eu trois semaines pour voir sur grand écran Insubmersible, qui a valu à Jodie Foster une cinquième nomination (actrice dans un second rôle), avant que Netflix ne le mette en ligne. La plate-forme aux 260 millions d’abonnés ne dévie pas de la ligne fixée par son dirigeant, Ted Sarandos : la salle n’est qu’une vitrine, qui suscite une attention médiatique et permet aux titres ainsi exposés d’acquérir une notoriété qui échappe encore à ceux qui sortent directement en streaming, opération qui doit s’effectuer en un minimum de temps. Pour Netflix, un spectateur à l’entrée d’un multiplexe, c’est un abonné qui a déserté son canapé.

Il vous reste 61.09% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version