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Des piétons passent devant un soldat gardant la zone de l’aéroport international à Port-au-Prince, Haïti, lundi 4 mars 2024. Des membres de gangs ont échangé des coups de feu avec la police et les soldats autour de l’aéroport au cours d’une série d’attaques sur les sites du gouvernement.

Trois jours et quatre nuits pour juguler la violence qui terrorise la population de Port-au-Prince : c’est l’objectif que s’est fixé le gouvernement haïtien après plusieurs journées de chaos marquées par les attaques meurtrières d’une coalition de bandes criminelles contre plusieurs commissariats, des prisons ainsi que l’aéroport international Toussaint-Louverture.

« En raison de la dégradation sécuritaire, notamment dans la zone métropolitaine de Port-au-Prince, caractérisée par des actes criminels de plus en plus violents perpétrés par les gangs armés », a indiqué l’exécutif dans un communiqué, l’état d’urgence était déclaré dimanche 3 mars, en début de soirée, « sur toute l’étendue du département de l’Ouest », qui englobe la capitale haïtienne, « pour une période de soixante-douze heures renouvelable ».

Cette mesure s’accompagne d’un couvre-feu dès dimanche soir à 20 heures, puis les trois nuits suivantes, entre 18 heures et 5 heures le lendemain, précise le gouvernement dans ce communiqué signé par le ministre de l’économie et des finances, Michel Patrick Boisvert.

Une coalition de gangs

Cette décision des autorités survient à l’issue de quatre jours d’embrasement de la violence en Haïti, et singulièrement dans la capitale de ce pays déjà éprouvé par plusieurs années de crise politique, sécuritaire et humanitaire. Le 29 février et les jours suivants, à l’initiative de plusieurs gangs réunis au sein d’une coalition baptisée Viv ansanm (« vivre ensemble »), les attaques se sont multipliées dans toute l’agglomération, contrôlée à 80 % par ces bandes criminelles. « Depuis jeudi, Port-au-Prince est carrément prise en otage par les bandits armés », s’émeut Rosy Auguste Ducéna, responsable de programmes à l’ONG Réseau national de défense des droits humains.

Dans la nuit du samedi 2 au dimanche 3 mars, les gangs ont pris d’assaut deux prisons importantes, celle de Croix-des-Bouquets et le pénitencier national de Port-au-Prince, libérant plusieurs milliers de détenus. « Près de 4 000 personnes » étaient incarcérées dans le pénitencier, indique au Monde Péguy Jean, avocat au barreau de Port-au-Prince. « Seulement 99 d’entre elles y sont encore », affirme M. Jean, qui ajoute que les gangs armés « en ont profité pour kidnapper des prisonniers » au centre pénitentiaire de Croix-des-Bouquets.

Malgré le peu de résistance opposé par les forces de l’ordre, cette évasion massive s’est accompagnée de violences. « Plusieurs dizaines de détenus ont été retrouvés exécutés dans les heures qui ont suivi », précise Romain Le Cour Grandmaison, chercheur spécialiste du crime organisé au sein du centre de recherche Global Initiative, qui a quitté le pays dimanche après une mission de vingt jours sur le terrain. Les auteurs de ces exécutions sommaires sont, pour l’heure, inconnus. « Aujourd’hui, des milliers de détenus, dont des criminels notoires, sont dans les rues », s’inquiète l’avocat Péguy Jean.

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