samedi, mai 18
Le chirurgien palestino-britannique Ghassan Abu Sitta, à Londres (Royaume-Uni), le 7 janvier 2024.

Le chirurgien palestino-britannique Ghassan Abu Sitta, témoin des atrocités perpétrées par l’armée israélienne dans la bande de Gaza, où il a passé un mois et demi, au début de la guerre, s’est vu refuser l’entrée, samedi 4 mai, sur le territoire français. Arrivé en début de matinée à l’aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, en provenance de Londres où il réside, le médecin, qui devait intervenir dans un colloque organisé ce même jour au Sénat, a été refoulé par la police des frontières.

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Raison invoquée par les agents : les autorités allemandes, qui l’avaient elles aussi empêché de pénétrer sur leur sol à la mi-avril, alors qu’il devait participer à une conférence sur la Palestine à Berlin, l’ont interdit de visa, pour une durée d’un an, dans tous les Etats de l’espace Schengen. Ghassan Abu Sitta, que Le Monde a joint sur son téléphone, se trouvait, en fin de matinée, dans un bureau de l’aéroport, et s’attendait à être escorté par la police vers un vol le ramenant à Londres.

Ses tentatives pour alerter l’organisatrice du colloque, la sénatrice du Rhône Raymonde Poncet-Monge, membre d’Europe Ecologie-Les Verts, via son assistante, qu’il a contactée, n’ont produit aucun résultat. « La police a pris sa décision, je ne peux plus rien faire, a-t-il confié au Monde. C’est comme à Berlin, la criminalisation des victimes. Le gang complice du génocide essaie de faire taire les témoins. »

Quarante-trois jours d’opérations à Gaza

Spécialiste de médecine de guerre, Ghassan Abu Sitta avait sauté dans un avion pour rejoindre Gaza dès le 7 octobre, dans les heures suivant l’hécatombe commise par le Hamas dans le sud d’Israël, comme il l’avait fait lors des trois précédentes guerres frappant l’enclave palestinienne.

Intégré aux équipes de Médecins sans frontières, il avait officié dans l’hôpital Al-Shifa, le plus grand de la bande de Gaza, et dans l’hôpital Al-Ahli. Il avait quitté le territoire côtier le 18 novembre, après quarante-trois jours à opérer sans discontinuer les victimes des bombardements israéliens, qui ont fait à ce jour près de 35 000 morts, en majorité civils.

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Déjà très actif sur les réseaux sociaux quand il était sur place, le praticien a donné de nombreuses interviews après sa sortie de l’enclave, racontant les amputations sans anesthésie qu’il a dû pratiquer, la pose d’agrafes à vif pour refermer les plaies, les enfants brûlés par des obus au phosphore blanc (une arme dont l’usage à des fins incendiaires est interdit), les hôpitaux tellement saturés que les médecins opèrent à même le sol, etc.

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