samedi, mai 18
Le premier ministre japonais, Fumio Kishida, lors d’une rencontre avec le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, à Brasilia, le 3 mai 2024.

Accusé de xénophobie par le président américain, Joe Biden, le Japon rejette l’accusation et maintient son positionnement strict sur l’immigration. « Il est regrettable que la déclaration ne soit pas fondée sur une compréhension exacte de la politique japonaise », a réagi Tokyo, vendredi 3 mai, aux propos tenus deux jours plus tôt par M. Biden lors d’une soirée de collecte de fonds pour la présidentielle de novembre, en présence de représentants des Américains d’origine asiatique et des insulaires du Pacifique. « Pourquoi la Chine piétine-t-elle autant sur le plan économique, pourquoi le Japon a-t-il des difficultés, pourquoi la Russie, pourquoi l’Inde ? Parce qu’ils sont xénophobes. Ils ne veulent pas d’immigrés », avait dit le président américain.

« Le président parlait de la façon dont l’immigration rend l’Amérique plus forte », a tenté de nuancer la porte-parole de la Maison Blanche, Karine Jean-Pierre. John Kirby, son homologue chargé de la sécurité nationale, a aussi minimisé la portée des propos de Joe Biden : « Nos alliés et nos partenaires savent pertinemment à quel point le président les apprécie, apprécie leur amitié, leur coopération et les capacités qu’ils apportent sur toute une série de questions, pas seulement liées à la sécurité. »

Les déclarations de M. Biden ont été formulées trois semaines après l’accueil en grande pompe du premier ministre japonais, Fumio Kishida, à la Maison Blanche. M. Biden avait alors salué une « alliance indéfectible », en particulier sur les questions de sécurité.

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Les nuances apportées par les porte-parole n’ont pas calmé les commentateurs nippons. « L’immigration est le sujet sur lequel le président Biden se trouve le plus en porte à faux dans sa confrontation avec le candidat républicain Trump », a ironisé Seiko Mimaki, spécialiste de politique américaine à l’université Doshisha.

Immigration très encadrée

L’immigration est aussi un sujet sensible dans un Japon confronté à une baisse régulière de sa population, à l’origine d’une criante pénurie de main-d’œuvre. Le nombre de naissances en 2023 dans le pays, 758 631, était en baisse pour la huitième année consécutive, selon des données du gouvernement. M. Kishida a qualifié le faible taux de natalité de « plus grande crise à laquelle le Japon est confronté ». Dans le domaine de l’emploi, il y avait, en mars, 128 postes disponibles pour 100 chômeurs. Le taux de chômage était de 2,6 %.

L’immigration, à laquelle s’opposent la puissante frange conservatrice attachée à l’idée d’un archipel ethniquement pur et l’opinion publique qui tend à l’associer à l’insécurité, progresse, mais de manière très encadrée et uniquement à cause des graves pénuries de personnels. « Les économistes ne sont pas tous d’accord sur la question de savoir si l’immigration est économiquement positive, souligne Tomohisa Ishikawa, de l’Institut de recherche du Japon (JRI). Dans certains pays, des immigrés sont actifs, mais globalement, beaucoup posent problème. Le Japon doit faire savoir aux Etats-Unis qu’il ne pratique pas l’exclusion, mais qu’il assure un contrôle des flux et garantit les droits des étrangers. »

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