jeudi, mai 2

David Simon est membre du comité de direction du groupe AG2R La Mondiale, chargé des finances, des investissements et des risques.

Les épargnants continuent de placer massivement leur argent sur les produits sans risque, comme le Livret A, dont l’encours atteint un record historique. N’y a-t-il rien de mieux à faire ?

La France se trouve dans une situation particulière : les taux d’intérêt à court terme (3,90 %) sont supérieurs à ceux à long terme (2,90 % pour l’OAT dix ans) depuis un an. Les investisseurs sont donc incités à placer leur épargne sur des produits sans risque, comme les livrets et les comptes à terme, plutôt qu’à long terme. Cette situation devrait heureusement prendre fin dans quelques mois. En effet, la Banque centrale européenne devrait réduire ses taux directeurs, aujourd’hui à 4 %, pour atteindre 3 % d’ici à la fin de l’année et 2,25 % fin 2025, d’après nos projections. Les placements sûrs vont donc devenir moins attractifs qu’ils ne l’étaient ces derniers mois.

En graphiques | Article réservé à nos abonnés Livret A : une année 2023 riche en collecte… et en polémiques

Vers quels placements faut-il dans ce cas se tourner ?

L’année 2024 devrait marquer le retour du fonds en euros dans l’assurance-vie : il combine en effet garantie du capital, liquidité et rendement. Le retour à la normale sur la courbe des taux, c’est-à-dire des rendements à long terme supérieurs à ceux à court terme, lui sera favorable. Les compagnies d’assurances sont plus à l’aise dans cette situation, car les fonds en euros sont majoritairement investis en obligations de long terme. Par ailleurs, ces produits financiers, dont la gestion d’actifs est diversifiée, sont aussi investis en actions et en immobilier, un secteur en difficulté en raison de la baisse des valorisations. Nous pensons cependant que l’année 2024 pourrait être porteuse d’opportunités d’achat, notamment dans l’immobilier de bureau. En effet, le second semestre pourrait offrir des conditions attractives si certains investisseurs institutionnels étaient contraints de vendre rapidement pour faire face aux besoins de liquidité de leurs clients.

L’indice CAC 40 de la Bourse de Paris gagne 10 % sur un an à 7 900 points, un niveau historique. Est-ce encore le moment d’investir en actions ?

Nous sommes aujourd’hui prudents, car les valorisations sont élevées. Cela se traduit notamment par une stratégie d’écrêtage pour notre fonds en euros, investi en actions à hauteur de 8 % à 10 % : nous prenons des bénéfices en vendant une partie de nos lignes au fur et à mesure de la hausse des marchés, pour éviter que le poids des actions dans notre allocation ne devienne trop important, tout en restant exposés à long terme à ce moteur de performance.

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