vendredi, mai 17
Lors d’une distribution de nourriture, à Bangale, dans le comté de Tana River (Kenya), le 26 novembre 2023.

« Un moment historique pour la solidarité internationale. » Ces paroles du président kényan, William Ruto, prononcées lundi 29 avril, à Nairobi, lors du sommet consacré à la reconstitution du fonds de l’Association internationale de développement (AID), donnent la mesure des attentes des pays pauvres en matière d’aide, alors que leur situation économique ne cesse de se dégrader. Ce fonds, réservé aux 75 pays les plus pauvres de la planète, est la première source d’aide au développement au monde. En vue du tour de table prévu en décembre pour reconstituer le fonds sur une durée de trois ans, Ajay Banga, le président de la Banque mondiale, a dit espérer une collecte de fonds de 100 milliards de dollars (93,7 milliards d’euros), contre 93 milliards en 2021.

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Dans un rapport publié mi-avril, la Banque mondiale alertait sur la « grande inversion » de la trajectoire des pays les plus pauvres. Pour la première fois depuis le début du siècle, ces derniers sont en plein décrochage, c’est-à-dire que l’écart de leur produit intérieur brut (PIB) avec celui des pays les plus riches s’est creusé au cours des cinq dernières années. Le tiers d’entre eux est plus pauvre qu’en 2020 et ne s’est toujours pas remis de la crise liée au Covid-19. La moitié est en situation de surendettement, avec une charge de la dette alourdie, à la suite de la hausse des taux d’intérêt dans le monde, ce qui les oblige à réduire leurs dépenses. « Ils font face à des difficultés à la fois nationales et extérieures », explique Ayhan Kose, économiste en chef adjoint à la Banque mondiale.

Le commerce mondial, qui a été à l’origine du décollage de nombreux pays d’Asie, devrait connaître en 2024 une croissance inférieure de moitié à ce qu’elle était avant la pandémie. Le ralentissement chinois pèse sur le cours des matières premières, dont les pays pauvres sont des exportateurs, sans oublier les conséquences du réchauffement climatique. Les catastrophes naturelles leur coûtent 1,3 % de leur PIB chaque année, un chiffre qui a doublé en à peine dix ans.

« La situation est inquiétante »

Malgré cette situation, les nations les plus riches coupent dans leurs budgets d’aide au développement. « La situation est inquiétante », estime Clemence Landers, chercheuse au think tank américain Center for Global Development. La France a annoncé, le 22 février, une coupe de 742 millions d’euros de son aide publique au développement pour 2024. Il s’agit de la ligne budgétaire qui a enregistré la baisse la plus importante (13 %), sur un total de 10 milliards d’euros d’économies annoncées par le gouvernement.

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