dimanche, mai 5
Danyl, à Paris, en février 2023.

Un dimanche sur deux, à 20 heures, Danyl, 25 ans, donne rendez-vous sur la plate-forme Twitch pour composer des morceaux avec ses abonnés. Devant lui, un clavier et un micro ; derrière lui, un mur décrépi et, sur sa gauche, une bande de potes rigolards qui se cachent derrière un rideau. Le chanteur et compositeur s’est fait une spécialité de mélanger la musique de ses origines algériennes et les mélodies pop ou R’n’B.

Certaines de ces sessions studios enregistrés en live ont donné naissance à des morceaux figurant sur son troisième EP, Khedma 3, sorti le 8 mars. Une bonne solution pour tester ses recherches musicales sur son public, rompre la solitude des nuits en studio et partager son « work in progress » sur les chanteurs de raï Cheb Khaled, Cheb Mami ou Cheb Hasni.

Garçon pâle aux frisettes cuivrées, Danyl chante en français et en derija, l’arabe dialectal des rues, d’Alger à Oran, de Tunis à Marrakech. Il a appelé ses EP Khedma, « le charbon, le travail », mais il aurait pu les appeler les chants de l’exil, tellement ses chansons La Rouma ou Bledi mon amour sont pleines de nostalgie. « Celle-là, je l’ai écrite il y a deux ans, raconte-t-il. Cela faisait très longtemps que je n’étais pas retourné en Algérie à cause du Covid-19. Je me suis retrouvé loin de ma famille, elle me manquait beaucoup et j’ai écrit ce morceau. »

Ces images de vacances au soleil sont joyeuses, remplies de feux d’artifice, de voix de marchands des rues, de virées assis dans le coffre de la voiture. « La différence avec d’autres chanteurs, c’est que, quand je parle de l’Algérie, je le fais du point de vue d’un Français, dit-il. C’est plus enfantin que la vision de quelqu’un qui y a grandi. »

Chopin au piano

De parents kabyles et sahraouis, Danyl a vécu entre Créteil (Val-de-Marne) et le 13arrondissement de Paris, bercé par le rap de Rim’K, du groupe 113 – qui signe, en 1999, le déterminant Tonton du bled, récit d’un retour en Algérie pour les vacances, justement – et par 1,2,3 Soleils, le CD du concert-événement de musique raï, en septembre 1998 à Bercy. Sa mère, pianiste, l’inscrit au conservatoire et, des années durant, Danyl s’entraîne pendant des heures sur les œuvres de Chopin.

A l’adolescence, l’exemple de ses aînés l’inspire : « Dans le rap, il y a de grosses basses, une rythmique que je mélange avec des percussions plus rebeus (derbouka, bendir). Il fallait mélanger le raï, la musique qu’écoutaient mes parents, mais sans que ça sonne trop comme là-bas. Il faut savoir où placer le curseur. » Danyl a trouvé le juste équilibre en poursuivant ses recherches jusque dans les cabarets d’Oran, sur sa chaîne Twitch et, aujourd’hui, en concert.

Khedma, 1, 2 et 3 (3 EP), de Danyl. En concert le 25 avril au Printemps de Bourges.

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