vendredi, mai 3

Le milliard d’euros n’est pas franchi mais le record est battu. Air France-KLM a annoncé, jeudi 29 février, un bénéfice net, sans précédent dans son histoire, de 934 millions d’euros de bénéfice pour un chiffre d’affaires également record de 30 milliards d’euros. Il se félicite d’avoir réalisé de « solides performances » en 2023 malgré les effets de la guerre au Proche-Orient et des difficultés d’approvisionnement en pièces détachées.

Le groupe aérien franco-néerlandais a aussi assaini sa structure financière ébranlée par le Covid-19, retrouvant, comme promis, des fonds propres positifs pour la première fois depuis 2019, à 500 millions d’euros, a-t-il annoncé dans un communiqué. Le bénéfice net reste un peu en deçà des projections des analystes, qui tablaient sur un bénéfice net annuel supérieur à 1 milliard d’euros, selon les estimations compilées par Factset et Bloomberg.

Ces chiffres contrastent toutefois avec le cauchemar de la crise sanitaire ; celle-ci, qui avait fait perdre 10,4 milliards d’euros cumulés à l’entreprise en 2020 et 2021, l’avait forcée à procéder à deux recapitalisations et à appeler à l’aide les Etats français et néerlandais. Sortie d’affaire, elle a affiché, pour 2023, une rentabilité opérationnelle de 5,7 %, en hausse de 1,2 point par rapport à l’exercice précédent, qui avait été celui d’un retour dans le vert avec 728 millions de bénéfice net.

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Dix millions de voyageurs en plus qu’en 2022

« En 2023, nous avons tenu nos engagements en réalisant de solides performances opérationnelles et financières », s’est réjoui le directeur général d’Air France-KLM, Benjamin Smith, cité dans le communiqué.

Ces résultats ont été obtenus malgré un nombre de passagers transportés pas encore revenu aux niveaux d’avant la crise : 93,6 millions de voyageurs au total dans les appareils d’Air France, KLM et Transavia l’année dernière, c’est 10,3 millions de plus qu’en 2022, mais encore 10,4 millions de moins qu’en 2019. Parallèlement, Air France-KLM a poursuivi son désendettement, sa dette nette tombant de 6,33 milliards d’euros à la fin de 2022 à 5,04 milliards à la fin de 2023.

Ombre à ce tableau, la société a subi au quatrième trimestre une perte nette de 256 millions d’euros, une chute de pas moins de 752 millions par rapport à la même période de 2022. Air France et surtout KLM ont pâti d’une pénurie de pièces de rechange, un problème récurrent pour tout le secteur depuis la pandémie, mais aussi de main-d’œuvre qualifiée, ce qui a perturbé la disponibilité de certains avions au sol.

En outre, la « situation géopolitique », principalement la guerre entre Israël et le Hamas, a conduit le groupe à suspendre certaines lignes, dont vers Tel-Aviv, dès le début d’octobre, et a refroidi la demande vers des pays voisins. Transavia, la compagnie à bas coût du groupe, en a souffert et n’est pas parvenue à être rentable l’année dernière malgré la poursuite de son expansion. Enfin, les tarifs du fret se sont fortement repliés après un emballement dans la foulée de la pandémie.

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Aucune annonce de retour de la distribution de dividendes

Cette fin d’année a pesé sur la rentabilité opérationnelle, qui était encore de 7,8 % à l’issue des trois premiers trimestres, dans le haut de la fourchette des objectifs pour 2024-2026 (7 à 8 %). Malgré son bénéfice record, Air France-KLM n’a pas mentionné jeudi de retour à une distribution de dividendes à ses actionnaires.

Côté objectifs pour 2024, année des 20 ans de sa création, la société a dit vouloir augmenter sa capacité de passagers de 5 % sur un an et limiter entre 1 et 2 % la hausse de ses coûts unitaires (contre 3,5 % en 2023). Malgré une hausse prévue de l’activité, elle pense acquitter une facture de kérosène de 7,6 milliards d’euros, en légère baisse par rapport aux 7,7 milliards de 2023.

Elle consacrera entre 3 et 3,2 milliards à ses dépenses d’investissement, en particulier dans le renouvellement de ses appareils, outil essentiel dans la réduction de ses émissions de CO2, avec les carburants non fossiles dont elle se targue de consommer 16 % de la production mondiale, contre 3 % du kérosène classique.

En dépit du prix toujours élevé des billets par rapport à l’avant-crise, la société ne voit pas faiblir cette année la « demande soutenue » de voyages qui a nourri sa prospérité en 2023, et fait état de taux de réservation équivalents à ceux de l’année dernière à la même époque, malgré la hausse du nombre de places mises en vente.

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Le Monde avec AFP

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