lundi, mai 20

Parfois, David l’emporte contre Goliath. Le 10 avril 2019, la justice a donné raison à 1 800 petits paysans et pêcheurs du nord de la Zambie, plutôt qu’à un géant minier britannique. A Londres, la Cour suprême a statué que le groupe Vedanta Resources pouvait être considéré comme responsable des dégâts environnementaux causés par la mine de cuivre de Nchanga. Pour la toute première fois, elle reconnaissait qu’une société basée au Royaume-Uni était jugeable pour les actions d’une filiale agissant hors du territoire.

Lorsque l’annonce de cette décision parvient dans la région de Chingola, la joie des villageois est immense. Chilekwa Mumba parle même d’un « sentiment d’extase ». Ce Zambien de 40 ans a consacré six ans de sa vie à faire reconnaître l’impact des pollutions provoquées par l’une des plus grandes mines de cuivre au monde.

En 2013, les premiers récits inquiétants des fermiers et des pêcheurs lui parviennent alors qu’il est installé dans la capitale, Lusaka, avec sa famille. Récoltes en chute libre, disparition des poissons, maladies… La population, pauvre et rurale, dépend de la rivière pour l’eau potable, les cultures, l’élevage. Chilekwa Mumba a grandi à Chingola, il décide de s’y rendre. « Je suis retourné là où nous avions l’habitude d’aller jouer et pêcher quand j’étais enfant, près de la rivière. Tout avait changé », raconte-t-il au Monde.

Lire aussi notre archive de 1984 | Article réservé à nos abonnés Nchanga à ciel ouvert

Il alerte, fédère les communautés locales, collecte des preuves. Un cabinet d’avocats britannique s’engage à ses côtés. Le combat, difficile, dangereux parfois, tourne à l’« obsession ». Jusqu’à cette décision de justice inédite, qui a permis l’indemnisation des villageois, et a déjà inspiré d’autres populations.

Alors que l’intérêt pour les ressources de son pays ne cesse de croître, Chilekwa Mumba met aujourd’hui en garde contre le risque d’aveuglement provoqué par la transition énergétique. « On nous dit que nous devons évoluer vers une énergie verte, mais c’est l’excuse parfaite pour éclipser les dommages collatéraux des mines sur les communautés et l’environnement. Cet aspect ne suscite pas l’intérêt qu’il mérite », prévient-il.

Technologies bas carbone

Comme le cuivre, d’autres métaux sont nécessaires à la transformation du système énergétique, et donc à la lutte contre le dérèglement climatique. Mais leur extraction peut-elle se faire sans sacrifier les droits humains et la biodiversité, qui disparaît à un rythme sans précédent ?

Aujourd’hui, experts et scientifiques s’accordent sur la nécessité de déployer massivement des énergies renouvelables à même de se substituer au charbon, au pétrole et au gaz, qui représentent encore 80 % du mix énergétique mondial. Au total, la transition vers un système bas carbone doit permettre de réduire significativement l’extraction de ressources, notamment fossiles, et donc l’activité minière : selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le système « net zéro » (ou zéro émission nette) consommera en 2050, s’il advient, deux tiers de moins de matériaux que le système actuel.

Il vous reste 81.12% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version