lundi, mai 20
Après l’effondrement d’un barrage près de Brumadinho (Brésil), le 25 janvier 2019.

Ingénieur spécialisé dans les explosifs, Pierre Petit-De Pasquale a travaillé dans de nombreuses mines à travers le monde. Depuis 2023, il est le directeur des standards d’IRMA (Initiative for Responsible Mining Assurance, « Initiative pour garantir une exploitation minière responsable » en français), qui cherche à évaluer la performance sociale et environnementale de sites miniers.

Quand les démarches de certification sont-elles nées ?

Les premières initiatives portant sur le développement de mines « responsables » ou « durables » sont apparues dans les années 1990, lorsque la mondialisation a mis en exergue les risques de réputation pour les entreprises. Mais l’immense majorité de ces initiatives est pilotée par l’industrie. Les associations industrielles cherchent à représenter les intérêts de tous leurs membres, y compris de ceux qui ne sont pas encore engagés dans des pratiques plus responsables, ce qui tend à favoriser des normes plus basses.

Les audits sont très critiqués de manière générale, pour de bonnes raisons. Il y a eu d’énormes scandales récemment, que ce soit concernant le négoce d’or aux Emirats arabes unis [où est importé illégalement du métal extrait dans des pays africains] ou la catastrophe du barrage minier de Brumadinho, au Brésil. Le cabinet d’audit qui avait « certifié » la conformité de l’ouvrage avant sa rupture [qui a tué 270 personnes et causé des dommages environnementaux irréversibles en 2019] a d’ailleurs été condamné.

En quoi IRMA est-elle différente ?

Le conseil d’administration d’IRMA est formé de représentants de six groupes d’intérêt : l’industrie minière, les entreprises qui achètent des minerais, les ONG, les communautés locales, le secteur financier et les syndicats de travailleurs. Chaque groupe dispose des mêmes droits de vote et d’un droit de veto. Il a fallu plus de dix ans pour se mettre d’accord sur notre standard, mais c’est le plus exigeant au monde. Il compte plus de quatre cents critères, dont quarante identifiés comme critiques.

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Une autre différence fondamentale repose sur le fait que nous n’utilisons plus le terme de « certification ». Trop souvent, les mécanismes de certification sont utilisés comme des réponses simplistes à des problèmes complexes. Avec IRMA, les sites peuvent être évalués par rapport au standard, obtenir un « niveau de performance », et prouver qu’il y a une amélioration dans le temps.

Comment se déroulent les audits ?

La première étape consiste en une autoévaluation des entreprises – malheureusement, beaucoup de systèmes de certification s’arrêtent là. Pour prétendre à un « niveau de performance », il est obligatoire de compléter une seconde étape, qui consiste à être audité par l’un des cabinets indépendants que nous avons formés.

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