jeudi, mai 2

Le principal syndicat de médecins généralistes, dit réformiste, qui claque la porte des négociations conventionnelles ; un appel à la grève illimitée dans les cliniques privées… Le climat s’est assombri, en quelques jours, entre les acteurs libéraux et leurs tutelles.

Le « plan d’urgence » contre les déserts médicaux défendu par le premier ministre, Gabriel Attal, samedi 6 avril, a mis de l’huile sur le feu alors que le contexte était déjà tendu. Taxe « lapin » pour récupérer des rendez-vous non honorés, « incitation financière » pour des médecins qui prendraient des gardes supplémentaires le soir et le week-end, participation des infirmiers, sages-femmes et dentistes à la permanence des soins, expérimentation d’un « accès direct » à des médecins spécialistes… Rien de concret encore, pas de calendrier non plus, et pourtant, ces mesures avancées auprès de la presse par le chef du gouvernement ont fini de braquer la profession.

Le syndicat MG France, majoritaire chez les généralistes, a annoncé, le 7 avril, suspendre sa participation aux négociations conventionnelles, dénonçant des « mesures le plus souvent illusoires, souvent démagogiques et parfois dangereuses ». Depuis, c’est le statu quo. Les négociations battaient déjà de l’aile : le 4 avril, l’Assurance-maladie avait annulé la séance plénière prévue, à la suite du départ des premiers syndicats de la table des discussions. Un rendez-vous pourtant crucial, pour les médecins libéraux comme pour le gouvernement, afin de définir la « convention médicale » censée les lier pour cinq ans. Mais au point mort, donc, après un premier échec à l’hiver 2023.

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Comment en est-on arrivé là ? Une des mesures que Matignon a mises sur la table a particulièrement mis le feu aux poudres : « l’accès direct » chez les spécialistes, sans consulter au préalable son médecin traitant, dans un département par région – soit treize départements. « Lever cette contrainte, comme c’est déjà le cas pour les gynécologues, les psychiatres, permettra de faciliter le parcours de soins », défend-on dans l’entourage du premier ministre.

Le casus belli dénoncé est celui-là : depuis vingt ans que la fonction de médecin traitant existe, marquant son rôle pivot dans le système de soins, jamais un tel accroc n’a été envisagé, de mémoire de syndicaliste. Si l’accès direct à des professions paramédicales est en passe d’être déverrouillé, au titre de la loi Rist – adoptée en mai 2023 –, non sans provoquer de fortes résistances parmi les praticiens, toucher à la fonction de chef d’orchestre du médecin traitant dans le parcours de soins a fait l’effet d’une déflagration.

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