vendredi, mai 17
L’entrée de Sciences Po Paris, le 2 mai 2024.

Alors que les actions se multiplient dans les campus français en soutien à Gaza, Sciences Po Paris a accueilli jeudi 2 mai un débat interne sur le Proche-Orient. « Ça a été un débat dur, avec des prises de position assez claires, beaucoup d’émotion et donc j’aspire maintenant à ce que chacun retrouve le calme » avant les examens prévus lundi, a déclaré Jean Bassères, l’administrateur provisoire de la prestigieuse école parisienne.

Il a admis rester « extrêmement prudent sur la suite des événements », alors que la mobilisation se diffuse en France, en écho à la mobilisation croissante des campus aux Etats-Unis, marquée par le déploiement de la police sur plusieurs sites.

Le débat à peine fini, les organisations étudiantes mobilisées – Union étudiante et Solidaires – ont appelé à sit-in jeudi après-midi dans le hall d’entrée de Sciences Po.

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L’administrateur provisoire a reconnu avoir « pris des positions assez fermes sur certains sujets », en refusant « très clairement la création d’un groupe de travail qui était proposé par certains étudiants pour investiguer nos relations avec les universités israéliennes ».

« Après un début où les débats étaient apaisés, la tension est montée à la fin », a témoigné auprès de l’Agence France Presse Hugo, 22 ans, étudiant en master à Sciences Po, pour qui « la principale information est le refus du directeur de créer un groupe de travail pour réévaluer les partenariats de Sciences Po ».

« Il y avait des demandes claires et il n’y a pas eu de réponse claire », a regretté une étudiante en master d’urbanisme, qui a refusé de donner son nom, fustigeant « une mollesse de l’administration ».

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« Voie équilibrée et ferme » de la ministre, selon France Universités

Après une mobilisation émaillée de tensions vendredi dernier, le mouvement avait été suspendu à Sciences Po Paris : la direction avait accepté d’organiser un débat interne « ouvert à toutes les communautés de Sciences Po », qualifié de « townhall », terme utilisé aux Etats-Unis pour une grande réunion publique.

Sur la demande des étudiants d’interroger les « partenariats de l’école avec les universités et organisations soutenant l’Etat d’Israël », la ministre de l’enseignement supérieur Sylvie Retailleau a répété jeudi matin qu’il était « hors de question que les universités prennent une position institutionnelle en faveur de telle ou telle revendication dans le conflit en cours au Proche-Orient ».

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La ministre a demandé aux présidents d’université de veiller au « maintien de l’ordre » public, en utilisant « l’étendue la plus complète des pouvoirs » dont ils disposent, notamment en matière de sanctions disciplinaires en cas de troubles ou de recours aux forces de l’ordre, lors d’une intervention en visioconférence au conseil d’administration de France Universités.

A l’issue de cet échange, France Universités, qui fédère 116 membres, dont 74 universités, a « salué la détermination de la ministre à porter une voie équilibrée et ferme pour un retour au calme ».

A Lille, l’IEP et l’ESJ bloqués

Des actions se sont multipliées en France ces derniers jours, principalement sur les sites de Sciences Po en régions, mais aussi dans quelques universités. Le tout dans un contexte politique électrique, en pleine campagne des européennes, La France Insoumise est notamment accusée par la droite d’« instrumentalisation » du mouvement.

Jeudi matin à Lille, l’institut d’études politiques est resté fermé et les accès à l’école supérieure de journalisme (ESJ) étaient bloqués et les cours annulés.

A Saint-Etienne, le blocage d’un des sites de l’université Jean Monnet par une quinzaine d’étudiants réclamant le cessez-le-feu à Gaza a repris jeudi matin, a constaté l’AFP. Ils n’ont pas trouvé d’accord avec la présidence de l’université pour l’organisation d’une conférence sur la situation à Gaza, selon un représentant étudiant.

La police était intervenue mardi sur ce site stéphanois pour déloger des militants pro-Palestiniens. La police est aussi intervenue lundi pour évacuer des manifestants de la Sorbonne après avoir déjà mis fin à une occupation nocturne d’un site de Sciences Po Paris la semaine dernière, les deux fois à la demande du premier ministre Gabriel Attal.

Selon l’organisation étudiante Le Poing Levé, le campus Jourdan de l’Ecole normale supérieure (ENS) à Paris était également bloqué jeudi.

Le Monde avec AFP

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