vendredi, mai 17
Emmanuel Macron sur le perron du palais de l’Elysée, à Paris, le 2 mai 2024.

Emmanuel Macron met en garde contre la montée des « nationalistes » en Europe, à cinq semaines des élections européennes. Dans un entretien à l’hebdomadaire britannique The Economist, jeudi 2 mai, il estime que les nationalistes sont « tous » des « brexiters cachés », qui prennent l’Union européenne « en otage » avec un « même discours de mensonge ».

« Le Rassemblement national voulait sortir de l’Europe, de l’euro, de tout. Maintenant il ne dit plus rien. Il tire les dividendes de l’Europe en voulant la détruire sans rien dire, déclare le président français. En quelque sorte, c’est comme si on était en train de dire “ce n’est pas grave de confier la banque à des braqueurs. (…) Si vous confiez les clés à des gens qui pensent comme eux, il n’y a aucune raison que l’Europe devienne une grande puissance. Aucune. »

Une étude électorale menée par Ipsos, en partenariat avec le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof), l’Institut Montaigne, la Fondation Jean Jaurès et Le Monde, parue lundi, a mis en évidence les difficultés du camp macroniste (17 % d’intentions de vote au scrutin du 9 juin), largement distancé par le Rassemblement national, qui caracole en tête (32 %).

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« Quand ils [les mouvements nationalistes] sont autour de la table, ils prennent l’Europe en otage, poursuit M. Macron. Ils vous disent : “Si vous ne payez pas, je ne lâche pas”. Cela n’est pas raisonnable. Et donc je dis aux Européens : “Réveillez-vous !” (…) Tous les nationalistes européens sont des brexiters cachés. »

« Ils prétendent d’abord rendre leur pays plus fort, ils ne vont pas vous dire qu’ils veulent détruire », assure-t-il encore. « Le Rassemblement national (…) ne vote pas la politique agricole commune, cite-t-il en exemple. Ils disent aux agriculteurs qu’avec eux ça ira beaucoup mieux (…), mais les 9,5 milliards de financement, ils iront les chercher où ? »

Du « pragmatisme » dans les relations économiques avec Pékin

Au contraire de la présidente du conseil italien, Giorgia Meloni, patronne du parti post-fasciste Fratelli d’Italia, qui « a une approche européenne » et a « d’ailleurs soutenu le pacte asile et migrations », selon M. Macron. « Les nationalistes, qui ont été élus sur des programmes de doutes à l’égard de l’Europe, je vois qu’ils jouent plutôt en Européens et je m’en félicite », ajoute-t-il, tout en estimant que « la meilleure façon de construire ensemble, c’est d’avoir le moins de nationalistes possible ».

Dans le même entretien, le président a également évoqué le cas de la Chine, soulignant que l’Europe doit défendre ses « intérêts stratégiques » dans ses relations économiques, à quelques jours d’une visite d’Etat en France du président chinois, Xi Jinping. « Il faut être d’un grand pragmatisme et regarder cette question avec nos intérêts stratégiques », dit M. Macron, interrogé sur l’ouverture ou non du marché européen à la Chine.

« C’est un de mes objectifs principaux en accueillant le président Xi Jinping, il faut tout faire pour engager la Chine sur les grandes questions mondiales et avoir un échange sur nos relations économiques qui reposent sur la réciprocité », ajoute le président.

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Le Monde avec AFP

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