mardi, mai 7
Bruno Le Maire, ministre de l’économie et des finances lors de la rencontre des cadres dirigeants de l’Etat, à Paris, le 12 mars 2024.

A deux mois des élections européennes, l’annonce tombe extrêmement mal. Pour l’année en cours, le gouvernement réévalue sa prévision de déficit à 5,1 % du produit intérieur brut (PIB), contre 4,4 % jusqu’à présent. Ce qui implique de déclencher 10 milliards d’euros d’économies supplémentaires en 2024, après que 10 milliards d’euros d’annulation de crédits ont déjà été effectués en février. Une mauvaise nouvelle pour la majorité, qui se déchire depuis plusieurs jours sur la situation financière du pays et les correctifs qu’il conviendrait d’y apporter.

Signe de la nervosité ambiante, la finalisation du « programme de stabilité » a été tendue. Tant et si bien que le Haut Conseil des finances publiques, qui doit donner son avis, n’a pas reçu le document complet mardi soir, comme cela aurait dû être le cas. Seul le scénario macroéconomique a été transmis, suscitant agacement et effarement au sein de l’instance.

Les données de finances publiques n’auraient été communiquées que mercredi, ce que Bercy dément. Le « programme de stabilité », qui expose les prévisions de croissance et la trajectoire financière que la France se fixe pour les prochaines années, sera présenté en conseil des ministres le 17 avril, et envoyé à la Commission européenne dans les semaines qui viennent.

Le déficit public est l’une de ses données. Le ministre de l’économie plaidait pour 4,9 %, quitte à faire adopter une loi de finances rectificative cet été. Mais l’Elysée et Matignon, après un rapide tour de table des ministères, se sont rendu compte que la marche était trop haute, sans coupes drastiques. C’est donc 5,1 %.

Engagements « crédibles »

Depuis quelques semaines, les inquiétudes sur la capacité du gouvernement à ramener le déficit sous les 3 % du PIB d’ici 2027, comme promis, se sont faites plus vives. Il a fallu acter un déficit public en 2023 très supérieur aux attentes : 5,5 %, contre 4,9 %, selon les données publiées, mardi 26 mars, par l’Institut national de la statistique et des études économiques, chargé en France de le mesurer. La dette publique s’est, quant à elle, établie à 110,6 % du PIB.

Bercy a en outre été contraint d’ajuster à la baisse ses prévisions de croissance pour 2024 : 1 %, contre 1,4 %, ce que nombre d’économistes jugent encore trop optimiste. La situation des finances publiques s’est dégradée sensiblement depuis l’automne, sous l’effet notamment d’un ralentissement de la conjoncture, marquée par le relèvement progressif
des taux d’intérêt, et de recettes fiscales bien moindres qu’attendu – 21 milliards d’euros de moins que prévu.

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