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Le secrétaire général de Reporters sans frontières, Christophe Deloire, au siège de RSF, à Paris, le 9 octobre 2020.

Laver l’affront, et reprendre l’avantage. Après une semaine de tourmente médiatique et de mise en cause personnelle, le secrétaire général de Reporters sans frontières (RSF), Christophe Deloire, a organisé, mardi 20 février, une conférence de presse au siège de l’ONG, à Paris, pour « rétablir les faits », « revenir sur le terrain du droit » et « dissiper les malentendus ». Retrouver la satisfaction, aussi, d’avoir obtenu du Conseil d’Etat, mardi 13 février, qu’il enjoigne à l’Autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique (Arcom) de « procéder au réexamen » d’une demande formulée par RSF de mettre CNews en demeure « de se conformer à ses obligations en matière de pluralisme et d’indépendance de l’information » dans un délai de six mois.

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La plus haute juridiction administrative a estimé en effet que l’autorité n’aurait pas dû se limiter au calcul du temps de parole des politiques pour donner quitus à la chaîne d’information (ou d’opinion, selon les avis) du groupe Vivendi, alors que la diversité des points de vue n’est pas assurée sur ses plateaux. « Il fallait mettre fin à cette tricherie », a souligné M. Deloire, rappelant que, pour obtenir le droit d’être diffusé, CNews avait « signé une convention », soit un engagement, entre autres, à « distinguer le journalisme de la politique ».

« Cela fait près de dix ans que nous réclamons que l’Arcom exerce ses compétences », se félicitait-il le 13 février, saluant une décision « historique » qui amène le régulateur à « être enfin à la hauteur des enjeux », à savoir la défense de la démocratie. Un sentiment de victoire terni par les turbulences qui se sont ensuivies. Dès le lendemain, l’ancien journaliste s’est retrouvé dans l’incapacité de défendre la moindre argumentation dans « L’Heure des pros », sur CNews, où le reste du plateau l’a accusé d’être un censeur et d’avoir transformé « Reporters sans frontières en “Reporters avec frontières” ».

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Cette stratégie de la dramatisation a largement atteint son but : non seulement l’émission de Pascal Praud a, ce jour-là, battu son record depuis sa création (648 000 téléspectateurs, 18,1 % de part de marché), mais CNews a été la chaîne d’info la plus regardée tout le reste de la semaine (2,8 % de part de marché). Dans les jours qui ont suivi, Le Journal du dimanche a affiché son visage en « une » sous le titre « Pourquoi ils veulent mettre fin à la liberté d’expression », et une avalanche de réactions négatives – sur le réseau social X ou dans la presse, émanant de personnalités n’appartenant pas forcément à la sphère des médias de Vincent Bolloré – a répandu de multiples inquiétudes (notamment celle du contrôle des lignes éditoriales, alors que, dans le même temps, les médias numériques ne connaissent pas de contraintes similaires), parfois infondées.

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