mercredi, mai 1
Un quartier de Kherson, en Ukraine, inondé après la destruction d’un barrage attribuée à l’armée russe en juin 2023 

Ce billet est extrait de l’infolettre « Chaleur humaine », envoyée tous les mardis à 12 heures. Chaque semaine, le journaliste Nabil Wakim, qui anime le podcast Chaleur Humaine, répond aux questions des internautes sur le défi climatique. Vous pouvez vous inscrire gratuitement ici :

La question de la semaine

« Je souhaiterais connaître l’impact de la guerre, par exemple cette guerre infâme que fait Poutine, sur l’environnement. Quels sont les impacts de la production militaire russe et des missiles ou obus tirés ? » (Question posée par Nicolas à l’adresse chaleurhumaine@lemonde.fr)

« Quel est l’impact de la guerre d’Ukraine et du conflit en Palestine sur le réchauffement climatique, notamment les destructions engendrées et la pollution liée à l’emploi des munitions ? » (Question posée par Philippe, qui va donner lieu à un épisode en cours d’enregistrement.)

Ma réponse : Merci pour ces questions, qui reviennent souvent dans les mails que je reçois – et qui, je dois bien l’avouer, me laissent perplexe : réfléchir à l’impact climatique des conflits ne risque-t-il pas de minimiser les horreurs et les injustices subies par les populations civiles en ce moment même ? Et puis j’ai relu ce très bon article de ma collègue Claire Legros et ce message LinkedIn de la climatologue Valérie Masson-Delmotte et je me suis dit que leurs conclusions étaient intéressantes à partager.

Pour tenter de formuler une réponse, il faut prendre en compte à la fois la hausse des émissions provoquées par la guerre, mais aussi l’impact sur l’action climatique au niveau global.

1. La guerre en Ukraine émet aussi du CO2… et pas seulement !

Une manière rapide de répondre à la question serait de relayer un calcul fait par des experts du climat sur les dix-huit premiers mois de la guerre en Ukraine : ils chiffrent à 150 millions de tonnes de CO2 les émissions directes et indirectes de la guerre. C’est l’équivalent des émissions annuelles des Pays-Bas. Un tiers de ces émissions de gaz à effet de serre provient directement de l’activité militaire (qui utilise des énergies fossiles), un tiers des incendies provoqués par la guerre et un autre tiers de la nécessaire reconstruction de bâtiments. (Voir ici la méthodologie.)

Néanmoins, cette comptabilité est insuffisante, puisqu’elle ne prend pas en compte les désastreux impacts humains et environnementaux de la guerre. « L’Ukraine couvre 6 % du territoire européen, mais on y recense 35 % de sa biodiversité avec quelque cent cinquante espèces protégées et de nombreuses zones humides », expliquait ainsi la juriste Marie-Ange Schellekens dans cet article. A ce titre, la destruction du barrage de Kakhovka en Ukraine par les forces russes en juin 2023 va également avoir des impacts à long terme pour les écosystèmes.

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