mardi, mai 21

Le terme « technosolutionnisme » désigne la croyance selon laquelle il est possible de résoudre des problèmes sociaux par de nouvelles technologies. Ce cadre de pensée est critiqué car il présente le problème à résoudre sans analyse de ses causes et de son environnement social et historique. Il s’incarne dans une liste bien connue (hydrogène vert, capture et stockage de carbone) qui inclut désormais le « ciment vert » – autrement dit « décarboné ».

Comme d’autres secteurs d’activité, l’industrie cimentière multiplie les labels et produits verts. Au niveau mondial, cette industrie représente environ 7 % des émissions de CO2 dans le monde, soit davantage que l’aviation, le transport maritime et le transport routier longue distance réunis. Ses émissions mondiales ont plus que doublé entre 2000 et 2020, et la demande de ciment devrait encore augmenter de 45 % d’ici à 2050. En France, l’objectif de la « stratégie nationale bas carbone » lui assigne une réduction de ses émissions de 81 % d’ici à 2050 (par rapport à 2015).

30 % à 40 % du prix de revient

Contrairement à d’autres secteurs, son verrou technique n’est pas tant la consommation énergétique, pourtant très importante, mais la chimie de son processus de production. En effet, c’est moins la cuisson au four à 1 450 °C d’un mélange de calcaire et d’argile, dont sort une poudre appelée « clinker », que la transformation du CaCO3 [carbonate de calcium] en CaO [oxyde de calcium] et CO2 induite inéluctablement par ce processus dit de « décarbonatation » qui génère les deux tiers des émissions du secteur en France.

Par conséquent, le four a beau être un réceptacle idéal pour les valorisations de déchets divers (pneus usagés, solvants, huiles, farines animales, semences, etc.), ou encore être chauffé avec une énergie décarbonée, cela ne suffit pas à baisser drastiquement les émissions.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Dans l’industrie, la très lente décarbonation du ciment

Ainsi, les cimenteries investissent depuis des décennies pour économiser l’énergie, qui représente souvent 30 % à 40 % du prix de revient, sans réduire pour autant les émissions en dessous d’un certain seuil. La moyenne mondiale serait de 860 kg d’équivalent CO2 par tonne de ciment produite, dont 530 kg pour le seul clinker !

Obligée de réagir, l’industrie envisage deux solutions principales : importer le clinker, ou en baisser fortement la part (à 20 % ou 30 %, contre plus de 65 % actuellement) en le mélangeant à des matières similaires du point de vue physico-chimique.

« Laitiers sidérurgiques »

La première solution permet de faire baisser le niveau d’émissions nationales – les importations de clinker en France augmentent d’ailleurs fortement depuis 2013 – mais ne résout en rien la question du changement climatique puisque le CO2 n’a pas de frontières.

Il vous reste 57.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Partager
Exit mobile version