mercredi, mai 22

Livre. Entre inondations et sécheresses, pénuries et contaminations, aucun pays n’échappe aux crises de l’eau. La précieuse ressource subit en effet les incidences cumulées du changement climatique et des pollutions agricoles et industrielles. Enseignant en sciences de gestion, Simon Porcher s’intéresse, depuis plusieurs années, à la gouvernance de ce qu’il désigne à la fois comme une « ressource commune », un « bien marchand » et un « service public ». Il livre, dans La Fin de l’eau ? (Fayard, 306 pages, 21,50 euros), un état des lieux inquiétant, assorti de propositions pour agir.

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Le constat d’abord. L’auteur rappelle que deux tiers de la population mondiale vivront en 2025 dans une région soumise à un stress hydrique, selon l’Organisation des Nations unies. Cette situation aggrave des inégalités déjà bien présentes, dont les plus pauvres et les femmes, chargées du transport de l’eau dans les zones rurales dans les pays en développement, sont les premières victimes : 30 % de la population mondiale n’a toujours pas un accès direct à l’eau potable.

Parce que les fleuves et les flux souterrains n’ont pas de frontières, cette raréfaction fait de l’eau un enjeu de tensions croissantes, dont la prise de conscience au sein des institutions internationales s’est effectuée tardivement, souligne l’auteur : plus de quarante ans se sont écoulés entre les deux conférences sur l’eau des Nations unies, en 1977 et en 2023.

Gouvernance mondiale

Comment éviter les nouvelles guerres de l’eau ? En s’appuyant sur de nombreux travaux de chercheurs ou d’institutions, l’ouvrage propose d’accorder à cette ressource limitée une place centrale dans la gouvernance mondiale en la considérant comme un « bien commun global ». Cela suppose un traité, un organe ad hoc au sein des Nations unies ainsi qu’une conférence des Nations unies sur le climat (COP), nourrie par les connaissances scientifiques d’un groupe d’experts international, au même titre que le climat et la biodiversité.

La gestion se joue aussi au niveau national et local. Les violents conflits autour des mégabassines illustrent, en France, le manque de concertation et de transparence des prélèvements. L’auteur se fait l’écho des critiques formulées par la Cour des comptes à l’égard des comités de bassins chargés d’établir les politiques à l’échelle d’un territoire, en cohérence avec les régions, les communes et les services de l’Etat. Une gouvernance jugée trop complexe par les magistrats et qui donne un « avantage à ceux qui savent exploiter le système », note M. Porcher.

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