dimanche, mai 5

A l’issue de la conférence internationale de soutien à l’Ukraine, organisée à Paris le 26 février, le président français a dit que l’envoi de troupes occidentales en Ukraine ne pouvait « pas être exclu ». Sans surprise, l’hypothèse est repoussée par la plupart des membres de l’OTAN. Pourtant, le propos est bienvenu dans un milieu politique français en partie affecté d’une cécité munichoise, prompt à qualifier la lucidité de bellicisme. A croire que la « machtpolitik » du Kremlin serait le simple reflet de nos pensées et de nos gestes !

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Affirmer pouvoir trouver une solution négociée honorable au conflit laisse pantois. Crier qu’on ne veut pas la guerre ne l’évitera pas ; Vladimir Poutine, pour des raisons qui lui appartiennent, a désigné l’Occident comme ennemi. Que certains, par idéologie ou par peur, aient mentalement fait allégeance à Moscou, la chose est sue. Qu’ils le disent et endossent les conséquences de leurs choix. L’assujettissement du bloc soviétique hier, la réalité contemporaine de la domination russe dans les régions occupées d’Ukraine, notamment à Boutcha, donne idée du sort qui attend les « pays frères ».

En vérité, la possibilité d’une guerre entre l’Europe et la Russie hante les esprits. La Suède, le Royaume-Uni, la Finlande, la Pologne et les pays Baltes évoquent cette perspective. Non sans solides raisons. Pourquoi la France devrait-elle l’ignorer ? Pourquoi avoir peur des mots et ne pas assumer l’alliance avec l’Ukraine ? Volens nolens, nous sommes depuis deux ans déjà en conflit avec la Russie ; Vladimir Poutine et les siens le martèlent sans cesse.

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L’armée russe, bien que durement éprouvée, tient et se renforce en hommes, en munitions et en équipements. Elle est soutenue par une économie de guerre qui fabrique désormais bien plus d’obus de gros calibre et de missiles que l’ensemble des pays européens. Ses réserves mobilisables se comptent en millions d’hommes.

Ligne rouge

Cette armée se heurte aux lignes de défense ukrainiennes, mais le scénario qui la verrait arriver aux frontières polonaises et baltes n’est pas une chimère. Rien n’est sûr, et pourtant, ce serait mal connaître le régime russe de penser qu’il hésiterait à s’attaquer à l’Europe, pour peu qu’il la sente faible et velléitaire.

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Alors qu’approche l’élection présidentielle américaine, il est urgent que les Européens sortent de leur mortifère torpeur politico-militaire. Qu’ils cessent de voir dans les Etats-Unis un deus ex machina et répondent à cette simple question : faut-il ou non se défendre contre un agresseur, serait-ce un Etat nucléaire ? « On ne joue pas impunément avec la force de dissuasion », affirme-t-on sentencieusement. Certes, mais encore ?

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