lundi, mai 6
Le siège de la banque américaine Morgan Stanley, à New York, le 17 janvier 2023.

Depuis le Brexit, les grandes banques internationales jouent au chat et à la souris avec leur superviseur, la Banque centrale européenne (BCE). Le Royaume-Uni n’appartenant plus au marché unique européen, il a perdu, entre autres, le fameux « passeport financier », qui lui permettait de vendre des produits financiers de Londres dans toute l’Union européenne (UE). Désormais, il faut accomplir ce travail depuis l’un des pays de l’Union.

C’est pour cette raison que des établissements comme J.P. Morgan ou Bank of America ont fortement développé leur présence à Paris, par exemple. Ou qu’il y avait, en 2021, près de 2 000 banquiers gagnant plus de 1 million d’euros au sein des Vingt-Sept, soit une hausse de 41 % par rapport à l’année précédente.

Depuis le début, cependant, les banques ont tout fait pour limiter autant que possible le nombre de postes qu’elles délocalisent. A peine une dizaine de milliers d’emplois ont été directement transférés de Londres aux autres capitales européennes, selon un décompte du cabinet EY.

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Agacée, la BCE insiste pour que le travail soit effectivement effectué sur le sol de l’UE, avec des dirigeants de hauts niveaux présents sur place. En mai 2020, sept mois avant la sortie effective du Royaume-Uni du marché unique, elle avait tapé du poing sur la table, lançant un grand bilan des délocalisations nécessaires, banque par banque, métier par métier. En novembre 2023, elle soulignait qu’elle avait identifié 56 équipes de courtage qui devaient être soit entièrement dans l’UE soit « avec des capacités locales significativement augmentées ». « La BCE ne tolérera pas les coquilles vides », rappelait-elle.

Licenciement abusif

La dernière illustration de cette épreuve de force a été révélée par le Financial Times, dimanche 18 février. Selon le quotidien financier britannique, Morgan Stanley a tenté de tromper la BCE. La banque américaine a accordé le titre de « directeur de courtage en prêts » à un salarié établi à Francfort (Allemagne), lequel affirme aujourd’hui que son vrai travail n’était pas celui-là et qu’il n’avait pas de fonctions managériales.

L’information est devenue publique parce que le banquier en question – dont le nom n’est pas révélé – a été congédié par Morgan Stanley et qu’il s’est tourné vers la justice pour licenciement abusif. Pendant l’audience, il a assuré que la banque américaine lui avait demandé dès son embauche, en avril 2021 (pour un salaire de 375 000 euros, plus bonus), de ne pas utiliser ce titre. Selon son supérieur, cette fonction « n’existait que sur le papier » et avait été créée pour donner l’impression à la BCE qu’un dirigeant haut placé était présent. Son vrai rôle était le courtage de mauvaises créances en Allemagne, en Autriche et en Suisse.

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