lundi, mai 20

La sortie d’Emmanuel Macron fait réagir. La proposition du président de la République de réfléchir à un « devoir de visite » d’un père, dans les cas où la mère s’occupe seule des enfants après une séparation, « n’est pas un débat réac » mais « nécessaire », a jugé ce jeudi 9 mai la ministre chargée de l’égalité femmes-hommes, Aurore Bergé.

Dans une interview mercredi au magazine Elle, le président de la République a dit vouloir ouvrir un débat sur l’instauration d’un « devoir d’accompagnement, jusqu’à l’âge adulte, des enfants », qui permettrait aux mères seules « d’exiger » l’implication et des visites régulières de leurs ex-conjoints.

« Pas de forcer une relation »

« Évidemment, la question n’est pas de forcer une relation quand il y a un risque de violence », a tenu à rassurer Aurore Bergé, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, ce jeudi 9 mai sur Cnews et Europe 1.

« Je pense que ce n’est pas un débat réac, (mais) un débat utile, un débat nécessaire » sur « la responsabilité, sur le rôle des parents », a-t-elle soutenu.

La société s’est trop « accommodée à l’idée que des femmes pouvaient tout assumer toutes seules et que ce n’était pas bien grave » si les pères « se limitaient à une pension alimentaire que, parfois, ils ne payaient pas », selon la ministre. Le caractère monoparental de ces familles est souvent « subi », a-t-elle souligné.

Elle a donné l’exemple de femmes séparées que l’ex-conjoint « appelle le vendredi soir » pour dire que « ce week-end, finalement, il ne prendra pas les enfants ». Dans ces cas là, « il ne se passe rien, il n’y a pas de rappel de la responsabilité du père » ni de « sanctions », et « c’est la mère qui doit tout assumer », a regretté la ministre.

À l’inverse, des mères qui « refusent la présentation d’un enfant parce qu’il y aura un risque de violence, elles, par contre, immédiatement on leur rappelle la loi », a-t-elle observé, dénonçant un « déséquilibre de responsabilité ». Ce « devoir de visite » pourrait se concrétiser de diverses manières, a-t-elle dit, comme des « sanctions pour les pères qui devaient déjà assumer leur droit de visite et ne l’assument pas ».

Les interrogations des associations

Cette proposition a soulevé des interrogations chez des associations, inquiètes que ces visites obligatoires n’aillent pas toujours dans l’intérêt des familles, notamment en cas de séparations conflictuelles ou de violences intrafamiliales.

« Devoir de visite = idée dangereuse: un homme violent, abusif, défaillant n’est pas un bon père. Le bon objectif: l’intérêt supérieur de l’enfant. Avec ou sans père », a écrit sur X l’association Osez le féminisme.

Invitée mercredi soir sur le plateau de BFMTV, Josette Elombo, présidente de la fédération syndicale des familles monoparentales, a également fait part de ses doutes. « Moi, je n’aime pas la contrainte. Tout ce qui est relationnel, on ne peut pas le contraindre », a-t-elle d’abord déclaré sur notre plateau.

« Donc je ne sais pas comment on peut utiliser le mot de devoir. Comment vous voulez contraindre un parent défaillant alors qu’on arrive déjà pas à faire payer la pension alimentaire? Un problème qui n’est déjà pas réglé », selon elle.

Article original publié sur BFMTV.com

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