mercredi, mai 1
L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro après avoir témoigné sur les émeutes du 8 janvier au siège de la police fédérale à Brasilia, le 18 octobre 2023.

Jair Bolsonaro est désormais interdit de quitter le territoire brésilien. Ce, après avoir été visé, jeudi 8 février, par une opération policière dans le cadre d’une enquête sur une « tentative de coup d’Etat », ayant culminé avec les émeutes du 8 janvier 2023 à Brasilia.

« En respect des décisions prises aujourd’hui », l’ex-président va « remettre son passeport aux autorités », a écrit sur X l’un de ses avocats, Fabio Wajngarten. L’intéressé a dénoncé « une persécution implacable ».

Cette opération de grande ampleur, qui vise également d’anciens ministres, des généraux et de proches collaborateurs de M. Bolsonaro, resserre encore l’étau judiciaire sur l’ex-dirigeant d’extrême droite (2019-2022), cerné par les affaires depuis qu’il a quitté le pouvoir.

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Trente-trois perquisitions et quatre mandats d’arrêts

La police fédérale a annoncé dans un communiqué avoir effectué trente-trois perquisitions et quatre mandats d’arrêt, dans le cadre d’une enquête sur « une organisation criminelle qui a pris part à une tentative de coup d’Etat (…) pour obtenir des avantages politiques avec le maintien du président de l’époque au pouvoir ». Le président en question est M. Bolsonaro, battu en octobre 2022 dans sa tentative de réélection face à Lula.

Une semaine après l’investiture de Lula, le 8 janvier 2023, des milliers de bolsonaristes ont saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia, réclamant une intervention militaire pour déloger le président de gauche du pouvoir.

Trois personnes ont été arrêtées jeudi, selon la presse brésilienne : Filipe Martins, ancien conseiller de M. Bolsonaro en politique étrangère, ainsi que deux militaires. Par ailleurs, quatre généraux ont été ciblés par les perquisitions, dont deux ex-ministres de la défense du gouvernement Bolsonaro.

L’un d’eux, Walter Braga Netto, a ensuite été candidat à la vice-présidence lors du scrutin de 2022. L’autre, Paulo Sergio Nogueira, était commandant en chef de l’armée de terre brésilienne avant de devenir ministre. Autre personnalité de premier plan visée par l’opération : l’influent général Augusto Heleno, ex-ministre du cabinet de sécurité institutionnelle et considéré comme une des éminences grises de M. Bolsonaro.

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« Cela fait plus d’un an que je ne gouverne plus et je continue à subir une persécution implacable », a réagi M. Bolsonaro jeudi, auprès d’une journaliste du quotidien Folha de S. Paulo. « Oubliez-moi, il y a quelqu’un d’autre qui gouverne le pays », a-t-il ajouté.

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Son successeur lui a répondu à distance : « Le fait est qu’il y a eu une tentative de coup d’Etat (…) qui n’aurait pas pu avoir lieu sans Bolsonaro », a déclaré le président brésilien jeudi sur la radio locale Itatiaia. « Il n’était pas prêt à quitter le pouvoir, il n’a pas eu le courage de me passer l’écharpe présidentielle, il est parti en pleurant aux Etats-Unis car il a dû participer à la construction de cette tentative de coup d’Etat », a insisté Lula, tout en appelant au respect de la « présomption d’innocence ».

« Fausses informations »

La police fédérale évoque une tentative de « disséminer des soupçons de fraude sur les élections présidentielles de 2022 avant même la réalisation du scrutin, pour légitimer une intervention militaire ». Le plan aurait consisté dans un premier temps en « la propagation de fausses informations sur des fragilités du système de vote électronique ». La police évoque ensuite « la pratique d’actes pour abolir l’Etat de droit démocratique par le biais d’un coup d’Etat, avec l’appui de militaires ».

Les enquêteurs évoquent notamment un plan consistant à faire arrêter le juge de la Cour suprême Alexandre de Moraes, bête noire du clan Bolsonaro, pour avoir ordonné l’ouverture de nombreuses enquêtes contre l’ex-président.

Le juge Moraes est également à la tête du Tribunal supérieur électoral, qui a condamné l’ancien président à huit ans d’inéligibilité en juin, pour diffusion de fausses informations sur le système de vote électronique.

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Le Monde avec AFP

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