dimanche, mai 5
Le CHU de Pointe-à-Pitre, en 2021. L’établissement a été affecté en mars par les coupures d’eau.

La crise aura duré plus de trois semaines. Mi-mars, une grève est déclarée au sein du Syndicat mixte de gestion de l’eau et de l’assainissement de la Guadeloupe (SMGEAG), menée par les agents du syndicat UNSA. « Rien ne va en interne », constate, auprès du Monde, Béatrice Simion, déléguée syndicale. Trois jours plus tard, alors que les Guadeloupéens, coutumiers des coupures supplémentaires induites par les mouvements sociaux, faisaient des réserves du précieux liquide, « des actes de malveillance » étaient commis en plusieurs points de l’archipel, de multiples canalisations, dont l’une des principales du réseau, étant cassées.

Les conséquences ? Durant plusieurs jours, 130 000 foyers ont été privés d’eau, le fonctionnement d’établissements de santé (dont le CHU) a été mis en difficulté et cela a coûté quelque 600 000 euros de gestion de crise pour le SMGEAG, entre travaux massifs de réparation et distribution de bouteilles d’eau, dont une partie de la logistique a été assurée par les services de l’Etat. Deux enquêtes ont été ouvertes pour « destructions aggravées et mise en danger de la vie d’autrui » par les deux procureurs de la République de l’archipel.

« Désormais tout est revenu à la normale », indique le service de communication du SMGEAG. La normale, en Guadeloupe, c’est de l’eau distribuée et coupée à intervalles réguliers, plus ou moins accentués selon la période. « Instaurer des tours d’eau, c’est la seule façon qu’on a de gérer les crises », note, amer, Daniel Marianne, secrétaire général de la commission de surveillance du SMGEAG. « Ce dernier a été créé en 2021, et force est de constater que tout continue de se dégrader », ajoute-t-il. En effet, selon un rapport présentant les chiffres de l’eau, publié en 2023, le taux de perte dans les réseaux est remonté à 62 %. Toujours selon ce même document, ce taux s’était amélioré de 2,9 points en 2020 (60,4 %), avant de « repartir légèrement à la hausse en 2021 » (61, 7 %).

Hausse des impayés

Le rythme de réparation des fuites (objectif fixé à 7 000 par an) reste calme. Selon des bilans techniques internes, en janvier 2023, le rythme quotidien de réparations était passé de dix-huit fuites à six, avant de remonter, désormais, à une trentaine. « C’était même deux par jour en février 2023 », note le préfet de région Xavier Lefort. Avec, comme conséquences immédiates, la perte de pression sur le réseau, qui a diminué partout en 2023, fragilisant encore la distribution d’eau potable, ainsi que le paiement des factures. Et donc, la capacité de recouvrement du syndicat, alors que ce dernier est « une priorité pour augmenter la capacité de financement du syndicat », rappelle M. Lefort.

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