samedi, mai 18
Des manifestants brandissent des drapeaux du Front de libération nationale kanak et socialiste, lors d’une manifestation contre l’élargissement du corps électoral pour les prochaines élections provinciales en Nouvelle-Calédonie, à Nouméa, le 13 avril 2024.

Trois anciens premiers ministres, trois avis convergents : Matignon doit reprendre en main le dossier de la Nouvelle-Calédonie, dont la double crise politique et économique suscite des inquiétudes croissantes, ont indiqué à l’Assemblée nationale Manuel Valls, Jean-Marc Ayrault et Edouard Philippe. Mardi 30 avril et jeudi 2 mai, tous trois étaient auditionnés par Nicolas Metzdorf, figure de la droite loyaliste à Nouméa et député du groupe Renaissance, rapporteur du projet de loi constitutionnelle réformant le corps électoral calédonien.

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Le texte sera soumis à la commission des lois mardi 7 mai, puis au vote en séance le 13, dans la perspective d’un Congrès scellant la révision constitutionnelle à la majorité des 3/5e en juin. Mais les indépendantistes demandent le retrait de la réforme, portée par le ministre de l’intérieur, Gérald Darmanin.

Ils craignent de voir les Kanak mis en minorité, avec l’ajout envisagé de 25 000 électeurs, nés en Nouvelle-Calédonie depuis 1998 ou y résidant depuis dix ans, des citoyens jusque-là écartés des listes par dérogation au suffrage universel pour préserver le fragile équilibre politico-ethnique du territoire. De ces élections provinciales dépendent en effet tous les rapports de force entre les non-indépendantistes et les indépendantistes, qui dirigent le gouvernement calédonien depuis 2021.

« Domaine réservé »

Edouard Philippe est le dernier premier ministre (2017-2020) à avoir pris en main le dossier, avant qu’il soit confié par Emmanuel Macron à Sébastien Lecornu au ministère des outre-mer, puis à Gérald Darmanin à l’intérieur. Jeudi 2 mai, M. Philippe s’est gardé de mettre directement en cause M. Darmanin, chargé depuis 2022 des consultations sur l’organisation du scrutin à venir, et, au-delà, sur le futur statut du territoire de la République appelé à la « pleine souveraineté ». Son propos était néanmoins clair : « Si l’on devait s’interroger sur le domaine réservé du premier ministre, la Nouvelle-Calédonie serait dedans », a-t-il exposé en substance.

Le maire du Havre s’est rendu en mars sur le Caillou. Pour constater que si les deux camps souhaitent toujours un accord politique afin d’écrire la suite de l’accord de Nouméa de 1998, le consensus semble de moins en moins à leur portée dans le cadre de la méthode de l’exécutif. Selon lui, il faut donc « une initiative ».

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« Je plaide pour que Matignon reprenne la main, a abondé, mardi 30 avril, Manuel Valls, premier ministre de 2014 à 2016. Les indépendantistes ont la mémoire du lien avec ce lieu où se sont élaborés les grands accords du passé, celui de Matignon en 1988 et celui de Nouméa en 1998. Et il n’est pas bon que le président soit sur tous les ballons. »

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