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Le groupe Feu! Chatterton au Musée du Louvre, à Paris, en janvier 2023.

Le 31 mars 2023, les cinq musiciens de Feu! Chatterton transféraient leur studio de Pantin (Seine-Saint-Denis) dans une salle du Musée du Louvre, où le groupe est resté en résidence pendant deux mois, offrant aux visiteurs plusieurs « concerts nomades », et travaillant sur un album dans cet environnement artistiquement inspirant. Une série de trois représentations devait clore cette séquence sur la scène de l’auditorium de l’établissement parisien en mai 2023. Un ennui de santé d’un des musiciens avait contraint le groupe à annuler ces concerts, qui se voient reprogrammés les mardi 26, mercredi 27 et jeudi 28 mars.

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Un an plus tôt, chaque membre a disposé d’une carte d’agent du musée pour déambuler librement dans les espaces d’exposition. La proximité des œuvres a galvanisé la productivité du groupe : « On a écrit des nouvelles chansons, enregistré des maquettes et composé la musique d’un spectacle, raconte Clément Doumic, guitariste. C’était l’occasion aussi d’inviter des artistes qui ne sont pas reliés à notre univers. » Les cinq de Feu! Chatterton ont découvert un lieu en mutation : « Nous sommes entrés au cœur d’une institution en apparence figée, mais qui, en réalité, s’interroge beaucoup sur son histoire. On a eu la chance de faire des visites avec de jeunes conservateurs qui réfléchissent à de nombreuses questions sociétales », relate Sébastien Wolf, guitariste et claviériste. Une interrogation qui résonne, selon lui, avec l’esprit de l’époque : « Aujourd’hui, il est difficile de faire une proposition artistique sans lui donner de sens. »

Stratégie au long cours

En accueillant en son sein le groupe de rock, le musée a voulu renouer avec une tradition lancée au XVIIIe siècle. Lieu de résidence principal des rois de France, le Louvre devient un lieu de conservation artistique en 1793. Plusieurs artistes – plasticiens, peintres, sculpteurs – y séjournent dans des appartements conçus comme des espaces de création. En 2013, Bob Wilson y avait installé son atelier et avait présenté une série de performances dans l’auditorium. Le Louvre n’est pas le seul musée à héberger des artistes : de 2020 à 2022, le groupe Phoenix avait enregistré son septième album, Alpha Zulu, au Musée des arts décoratifs, à Paris.

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L’opération, qui s’inscrit dans la nouvelle politique de diversification des publics du musée, esquisse une stratégie au long cours : « Le but est de trouver un format flexible, qui ressemble et s’adapte à chacun des artistes », explique Luc Bouniol-Laffont, directeur de l’auditorium et des spectacles du Louvre. Ces initiatives intéressent ses mécènes traditionnels, attirés par « le rajeunissement du Louvre et le fait que cette initiative soit tournée vers les publics qu’ils veulent toucher », relève-t-il. L’objectif est d’ouvrir l’institution pluriséculaire aux musiques actuelles, de manière à la reconnecter à un public de proximité. « Le Louvre, qui est le musée le plus visité du monde, est victime de son succès international. Une grande partie du public parisien s’en est détournée », déplore M. Bouniol-Laffont.

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