vendredi, mai 17

George Washington a mauvaise mine. Il a des autocollants de la tête aux pieds, un keffieh et un drapeau palestinien autour du cou. Le socle de la statue en bronze a été couvert de tags. Le calme règne tout de même au cœur du campus de l’université Washington (GWU), portant le nom du premier président des Etats-Unis. Situé dans le centre de la capitale, à quelques minutes de la Maison Blanche, c’est l’un des lieux de la mobilisation étudiante contre la guerre à Gaza.

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Une cinquantaine de tentes y ont été dressées. Sous le titre « Pas de sionisme ! », un panneau récapitule les consignes pour les participants. Certaines concernent la propreté et les règles de comportement, « Pas de relations sexuelles », « Pas de substances », « Hydratez-vous ». D’autres sont plus stratégiques : « Ne parlez pas aux médias sauf si vous êtes formés », « Ne parlez pas aux flics ». Un stand achalandé propose des plats et des sandwichs. A proximité, un point médical est assuré, au cas où.

La mobilisation a pris de l’ampleur lorsque sept étudiants ont été sanctionnés par la direction de l’université. Le campement réclame l’abandon de ces mesures disciplinaires. Les voitures de police, à proximité, restent feux éteints. Il n’y a pas de débordements. Les barrières métalliques qui avaient été disposées pour réduire le périmètre du campement sont dorénavant empilées au milieu de la place, comme un trophée de guerre.

Lors d’une manifestation pro-Gaza des étudiants de l’université George Washington, sur le campus GWU, à Washington, le 29 avril 2024.

« Par sécurité », ils sont nombreux à refuser de parler. Ils portent des masques chirurgicaux, pensant échapper à une identification. Un étudiant noir a écrit sur une pancarte une citation de l’écrivain James Baldwin, prétendant que l’Etat hébreu aurait été créé « pour la préservation des intérêts occidentaux ». Serrés par terre, en couleurs vives, des messages à la craie ont été tracés sur le sol en brique, en plusieurs langues, hommage aux révolutions du monde : « La solidarité est un verbe », « Mondialiser l’Intifada », « La libération ou la mort ».

« Tous des victimes d’oppression »

Rawala Al Jariri, 21 ans, a chaud au cœur devant cette mobilisation bigarrée, qui rassemble des militants Black Lives Matter, des LGBTQ et des défenseurs des droits civiques. « Les gens s’engagent avec leur expérience, ce sont tous des victimes d’oppression », dit-elle. Etudiante en psychologie à GWU, elle est la fille de Palestiniens exilés. Son père, entrepreneur dans le bâtiment, a fui en Jordanie, avant de se réfugier aux Etats-Unis. Rawala se souvient d’un jour où sa sœur aînée fut corrigée à l’école. C’était la Journée de la culture mondiale ; chacun pouvait présenter son pays d’origine. « Palestine, ça n’existe pas », avait dit l’enseignante.

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