mardi, mai 7
Le créateur de la série « La Fièvre », Eric Benzekri, à Paris, le 17 janvier 2018.

Huit ans après Baron noir, la série de Canal+, l’ancien conseiller politique socialiste devenu scénariste quitte la fabrique du pouvoir pour s’intéresser à celle de l’opinion. En six épisodes au scalpel, il décortique l’embrasement des réseaux et des cerveaux à la suite d’un incident dans le milieu du football français. « Moins en colère, mais plus inquiet », il lève le voile sur la fabrication de La Fièvre, diffusée sur la chaîne cryptée à partir du 18 mars.

Pourquoi avoir quitté le terrain politique pour celui de la communication ?

Les thèmes de La Fièvre sont proches de Baron noir, mais le point de vue n’est pas le même. J’ai aussi sans doute ressenti une lassitude à n’explorer qu’une catégorie. La politique ne m’ennuie pas mais les stratégies, les coups bas… J’aspirais à plus de gravité. Quand on est côté société, on met de la gravité car on n’est pas dans la prestidigitation, le cynisme de la politique. J’avais envie d’être avec des gens qui sont bringuebalés dans l’époque.

Pourquoi avoir fait du personnage principal une spécialiste des sondages qualitatifs, les fameux « qualis » ?

Ces gens sont des alchimistes, il y a un côté mystérieux. Le maître de ça, c’était Jacques Pilhan, le communicant de François Mitterrand. Il a réussi à voir, dans les années 1990, des tendances qui surgissent aujourd’hui, justement grâce à des sondages « quali ». J’ai le sentiment qu’on ne peut plus savoir ce que pensent les gens à travers le débat public, alors j’ai eu besoin d’aller voir ailleurs. J’en ai longuement parlé avec des communicants comme Jérôme Fourquet, de l’IFOP, ou Raphaël Llorca, de la Fondation Jean Jaurès, notamment. Et on a beaucoup parlé de cette histoire de France périphérique, c’est-à-dire de la réorganisation du territoire autour du rond-point.

Les communicants sont un excellent véhicule pour rendre ces choses-là compréhensibles – même si dans la série, Sam Berger [jouée par Nina Meurisse] n’est pas la communicante de base, elle pratique une méthode à l’ancienne, un peu sensorielle, elle va vérifier ses intuitions dans les « qualis », un peu comme une psy.

Lire la rencontre | Article réservé à nos abonnés Nina Meurisse, une présence terrienne dans « La Fièvre »

« La Fièvre » montre aussi à quel point les gens sont influencés par les réseaux sociaux…

Aujourd’hui, l’interface entre le monde réel et la façon dont on le perçoit, ce sont les écrans. Ce qui m’intéresse, c’est le surgissement des écrans dans le réel. Je voulais dépiauter un scandale, comprendre comment cela se passe, et aujourd’hui cela passe par les réseaux. C’est vraiment la marque de notre époque.

Pourquoi avoir choisi le milieu du football comme toile de fond ?

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