mercredi, mai 8
 La ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, quitte le palais de l’Elysée, à Paris, le 24 avril 2024.

Sa nomination au sein du conseil des sages de la laïcité (CSL) par Pap Ndiaye avait fait polémique ; son départ le fait tout autant. La ministre de l’éducation nationale, Nicole Belloubet, a démis de ses fonctions le sociologue Alain Policar, qui avait rejoint en 2022 l’instance créée par Jean-Michel Blanquer dans le but de faire vivre les valeurs de la République à l’école.

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Il était connu pour des positions moins fermes sur la laïcité que les autres membres. Confirmant une information de L’Opinion, l’entourage de Mme Belloubet a indiqué au Monde, jeudi 25 avril, que le départ d’Alain Policar avait été annoncé par la ministre dans un discours devant le conseil, le 22 avril, et qu’il serait effectif « au 1er juillet ».

Les dissensions se sont cristallisées autour d’une interview accordée par Alain Policar à RFI, début avril. Dans ce texte, le chercheur associé au Centre de recherches politiques de Sciences Po affirmait que la loi de 2004 sur le port ostensible de signes religieux à l’école est considérée, « à tort ou à raison », comme « discriminatoire à l’égard des musulmans ». « A mes yeux, le voile n’est pas le plus souvent un signe de prosélytisme – les enquêtes sociologiques montrent qu’il s’agit même souvent d’un vecteur d’émancipation pour les jeunes filles par rapport à leur milieu – et le port du voile devrait donc être analysé chaque fois au cas par cas. Or, la loi ne permet pas cette analyse fine », indiquait le sociologue.

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Ces propos ont déclenché l’envoi d’une missive de Dominique Schnapper, présidente du CSL, à Alain Policar, dont copie a été adressée au cabinet de Nicole Belloubet. Dans ce courrier que Le Monde a pu consulter, Dominique Schnapper regrette que le sociologue ait été présenté sur le site de RFI comme membre de l’instance, dont il évoque par ailleurs les travaux dans le corps de l’interview.

Remettre en cause une loi de la République

Elle lui reproche d’avoir pris position en faveur d’une application au cas par cas du texte sur les signes religieux, ce qui revient à remettre en cause une loi de la République – une démarche qui « engage la responsabilité [du CSL] et celle de la ministre », dans la mesure où Alain Policar siège « dans une instance rattachée à l’éducation nationale et destinée à aider ses décisions ».

« Je suis entré dans cette instance avec l’assurance qu’on pourrait avoir des débats, mais son rôle est en réalité la pure explicitation de la loi, et tout manquement au respect de la loi n’est pas admis », réagit auprès du Monde le sociologue, qui rapporte s’être étonné, à l’approche de l’anniversaire de la loi de 2004 à la mi-mars, qu’il ne soit pas possible de dire au sein du CSL que « cette loi est souvent mal comprise, et qu’il importe de comprendre pourquoi elle est perçue comme discriminatoire, surtout par les musulmans ».

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