lundi, mai 6

Moins de cinq ans après l’incendie qui a ravagé la « forêt » de Notre-Dame de Paris, la cathédrale retrouve peu à peu sa charpente. Après celles des deux bras du transept et de la flèche, les charpentiers installaient un bouquet au sommet de la nouvelle charpente du chœur, le 12 janvier, symbole de la fin de cette étape du chantier. La reconstruction de celle de la nef, quant à elle, devrait s’achever sous peu.

Ces étapes clés marquent la fin d’un véritable marathon pour restituer la charpente de la cathédrale « à l’identique ». Pour réaliser cet exploit en un temps record, de nombreux autres corps de métier ont été mobilisés : architectes, forestiers… et des chercheurs de tous horizons.

Au lendemain de l’incendie, plusieurs options s’offraient aux architectes. Fallait-il laisser la charpente en l’état pour la transformer en un lieu de commémoration ? En faire une plus moderne et légère, voire en béton plutôt qu’en bois, comme celle de la cathédrale de Reims (Marne) ? Ou encore la reconstruire fidèlement, telle qu’elle était auparavant ?

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Pour Rémi Fromont, la réponse était claire. « Ne pas restaurer ces charpentes à l’identique, ça aurait dégradé la valeur patrimoniale de la cathédrale », explique l’architecte en chef des monuments historiques, qui coordonne ce chantier titanesque sous la direction de Philippe Villeneuve. Pas question non plus de reconstruire la charpente exactement comme au Moyen Age, en laissant de côté les restaurations réalisées au XIXe siècle par l’architecte Eugène Viollet-le-Duc au niveau du transept et, surtout, de la flèche. « [Cette dernière] est, depuis sa construction, considérée comme un chef-d’œuvre absolu. C’est l’une des charpentes les plus complexes en bois massif du XIXᵉ siècle, et les plus remarquables de par sa conception, la complexité de ses assemblages et de son tracé, et ses dimensions », ajoute-t-il.

Un relevé architectural salutaire

Mais était-on seulement capable de reconstruire la charpente à l’identique ? Quelles informations avait-on sur les bois utilisés, les techniques employées, les assemblages complexes qui la constituaient ? Et avait-on, encore aujourd’hui, les bois, le savoir-faire et la main-d’œuvre nécessaires pour réaliser cette construction hors norme ? Au lendemain de l’incendie, ces questions étaient sans réponse.

Nuage de points 3D, de la coupe longitudinale sur la partie sud de la cathédrale Notre-Dame de Paris. En rouge, relevé effectué par Andrew Tallon quelques années avant l’incendie de 2019.

Dans un premier temps, il a fallu rechercher tous les documents qui pouvaient être utilisés pour connaître avec précision chaque poutre, chaque assemblage qui constituaient la charpente partie en fumée. Par chance, en 2015, Rémi Fromont avait lui-même, avec l’aide de son associé, Cédric Trentesaux, établi un relevé architectural de celle-ci.

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