samedi, mai 18
Plus d’un millier de Tibétains, d’Ouïgours et de Chinois ont manifesté contre la venue en France du président chinois, Xi Jinping, place de la République, à Paris, le 5 mai 2024.

Le président chinois, Xi Jinping, a atterri à l’aéroport d’Orly à 14 heures dimanche 5 mai, pour une visite d’Etat de deux jours en France, accueilli par le premier ministre, Gabriel Attal. Comme lors des voyages officiels en Chine, un comité d’accueil de centaines de Chinois de France était présent à la sortie de l’aéroport, brandissant des drapeaux chinois et français et chantant en mandarin : « nous vous souhaitons chaleureusement la bienvenue ». Mais ailleurs dans Paris, plus d’un millier de Tibétains, d’Ouïgours et de Chinois critiques du régime ont manifesté contre la venue du dirigeant chinois, qui doit également se rendre en Serbie et en Hongrie.

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Dès samedi, deux activistes tibétaines avaient été arrêtées après avoir accroché une large banderole entre deux lampadaires devant l’Arc de Triomphe, proclamant : « Europe, say no to Xi’s genocide » (« Europe, dites non au génocide de Xi »). Elles ont été relâchées après une dizaine d’heures de garde à vue.

Dimanche après-midi, malgré la pluie, plus d’un millier de personnes se sont rassemblées place de la République, dont une grande majorité de Tibétains de France et même d’Europe : trois bus avaient été affrétés de Belgique et un des Pays-Bas pour l’occasion. Faute d’autorisation de la préfecture, la marche qui devait rejoindre Bastille est devenue un rassemblement statique.

« Un génocide est toujours en cours »

Au micro, une jeune militante a notamment dénoncé la politique d’assimilation forcée des enfants tibétains, envoyés dans des internats loin de leur famille, le sort du Panchen-Lama, numéro 2 du bouddhisme tibétain disparu en 1995, à l’âge de 6 ans, la construction de barrages entraînant des déplacements de population et la fermeture du Tibet aux visiteurs étrangers – dont les journalistes – comme aux Tibétains en exil. « Monsieur le président Emmanuel Macron, nous vous demandons vivement d’avoir le courage politique de parler du Tibet avec votre homologue chinois, M. Xi Jinping », a-t-elle lancé pour conclure cette lettre ouverte au président français.

Dans le même temps, quelques dizaines de Ouïgours – moins nombreux en France que les Tibétains – et des soutiens étaient rassemblés devant l’église de la Madeleine, pour une pièce de théâtre engagée. Un rassemblement émaillé de tensions, lorsque des contre-manifestants ont brandi des drapeaux chinois. « Dans ce contexte où un génocide est toujours en cours, cet accueil par le président français du bourreau du peuple ouïgour est pour nous incompréhensible. C’est un encouragement pour que la Chine continue ses crimes jusqu’au bout », avait dénoncé vendredi 3 mai la sociologue Dilnur Reyhan, fondatrice de l’Institut ouïgour d’Europe, lors d’une conférence de presse à Paris. « Pour le peuple ouïgour et en particulier pour les Ouïgours français, c’est une gifle que notre président Emmanuel Macron nous donne », avait-elle fustigé.

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