jeudi, mai 2

Depuis qu’elle explore son passé, même le plus récent, Violaine Huisman est en proie à deux forces opposées qui coopèrent à l’occasion : la force de l’oubli (qui efface ce dont elle ne veut pas se souvenir) et la force de la mémoire (qui transforme une réalité qu’il peut être plaisant d’améliorer). Ce dispositif très « kundérien » donne, dans son cas, des romans qu’on pourrait croire autobiographiques, n’étaient leur densité, leur mélancolie, leur nostalgie radicale devant le « jamais plus » qui en font des fables quasi universelles.

Il y eut ainsi le premier volet, Fugitive parce que reine, consacré à une mère splendide, irrésistible et suicidaire ; puis un Rose désert qui décrivait en détail une passion douloureuse et rédemptrice de l’autrice ; enfin ces Monuments de Paris, parfaitement compréhensibles pour qui n’aurait pas lu les précédents, et qui bouclent une trilogie débordante de sensibilité et de charme proustiens. On est ici au cœur de la vraie littérature, avec ses méandres, ses réminiscences, ses suspens poétiques. Lecteurs pressés, drogués à Netflix et avides de page turner, passez votre chemin…

Une « egodyssée »sage, folle, baroque

Les monuments, ici, désignent un ou plutôt deux pères, tous deux nommés Georges Huisman. Le premier est familier de tous les étudiants de terminale qui ont bachoté sur son illustre manuel de philosophie. Mais il était également un homme d’affaires très habile, play-boy humaniste, mensch devant l’Éternel, avec cravate-p […] Lire la suite

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