vendredi, mai 17
Jeremiah Manele (à gauche), alors ministre des affaires étrangères des îles Salomon, et son homologue chinois, Wang Yi, lors d’une cérémonie marquant l’établissement de liens diplomatiques entre les deux pays, à Pékin, le 21 septembre 2019.

L’ancien diplomate pro-Chine Jeremiah Manele a été élu, jeudi 2 mai, premier ministre des îles Salomon, un pays membre du Commonwealth. Au Parlement, M. Manele a remporté 31 voix sur 50 lors d’un vote à bulletin secret, a annoncé le gouverneur général du pays océanien, David Vunagi. Son rival, le chef de file de l’opposition Matthew Wale, défavorable à Pékin, a obtenu 18 voix.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Aux îles Salomon, un scrutin sous l’œil de la Chine

Dans l’archipel, les électeurs ne choisissent pas directement leur premier ministre. Ils élisent des représentants qui négocient à huis clos pour former une coalition et choisir un dirigeant, un processus qui peut durer des semaines.

« Le peuple a parlé », a déclaré M. Manele, saluant le fait que le scrutin s’est déroulé sans violence : « Nous avons montré au monde aujourd’hui que nous valons mieux que cela. »

Les élections sont souvent mouvementées, aux îles Salomon. En 2000, le premier ministre Bart Ulufa’alu avait été contraint à la démission après avoir été enlevé par des hommes armés mécontents, et, en 2006, des forces internationales de maintien de la paix avaient été déployées pour réprimer des violences post-électorales.

Un pacte de sécurité signé avec Pékin en 2022

M. Manele exerçait en tant que ministre des affaires étrangères en 2019, lorsque les îles Salomon se sont détournées de Taïwan en établissant des relations diplomatiques avec Pékin. Les observateurs s’attendent à ce que le nouveau chef du gouvernement poursuive la politique amicale de l’archipel à l’égard de la Chine.

Le premier ministre sortant, Manasseh Sogavare, qui ne s’est pas représenté lors de ce scrutin, avait signé un pacte de sécurité avec Pékin en 2022. Bien que les détails de cet accord demeurent obscurs, Washington et Canberra craignent qu’il soit une première étape amenant à l’installation d’une base militaire chinoise permanente dans le Pacifique Sud ; un tel scénario pourrait changer la donne en matière de sécurité régionale.

Lire aussi (en 2022) : Article réservé à nos abonnés La Chine « assure la sécurité » des îles Salomon et s’impose dans le Pacifique

Le premier ministre élu a promis « un gouvernement d’unité nationale » qui se concentrera sur l’amélioration de l’économie et « le progrès sur (la) route vers le rétablissement » après la pandémie de Covid-19. Des projets de loi autour de la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ou encore sur l’établissement d’une zone économique spéciale figurent parmi les priorités annoncées du nouveau gouvernement.

La Chine a financé plusieurs grands projets, notamment un stade d’athlétisme de 10 000 places et un centre médical encore en construction. Mais le pays de quelque 720 000 habitants répartis sur des centaines d’îles volcaniques et d’atolls affiche un indice de développement humain parmi les plus bas au monde, selon les Nations unies.

Le Monde Application

La Matinale du Monde

Chaque matin, retrouvez notre sélection de 20 articles à ne pas manquer

Télécharger l’application

A la veille des élections, qui se sont déroulées le 17 avril, Daniel Suidani, figure de proue de l’opposition et ancien premier ministre provincial, avait qualifié les actions de la Chine d’« alarmantes ».

Le Monde avec AFP

Réutiliser ce contenu
Partager
Exit mobile version