samedi, mai 4
Samantha (Rachel Keller) dans la saison 2 de la série « Tokyo Vice », créée par J. T. Rogers.

CANAL+ – JEUDI 4 AVRIL À 21 H 10 – SÉRIE

Dans ce monde à courte vue, où les séries meurent de plus en plus jeunes et selon le bon vouloir des diffuseurs, Tokyo Vice propose une denrée devenue rare : le plaisir d’une deuxième saison. En plus de venir répondre aux questions posées par la fin de la saison précédente, celle-ci a l’originalité d’allonger son format, de huit à dix épisodes. Profitons-en. D’une part parce que rien, à l’heure actuelle, ne peut garantir une troisième saison à l’adaptation du best-seller éponyme de Jake Adesltein, d’autre part parce que la plate-forme Max étant censée être enfin disponible en France d’ici aux Jeux olympiques (selon les annonces faites par HBO, lors du festival Séries Mania en mars), Tokyo Vice est probablement l’un des derniers programmes HBO à se faufiler dans les foyers français via Canal+.

Continuum parfait de la précédente, cette saison s’éloigne un peu plus des Mémoires journalistiques qui ont inspiré la série pour mieux s’emboîter dans la forme classique d’un thriller urbain. Le pilote, réalisé par Michael Mann, en avait dessiné les élégants contours : violence millimétrée, cité filmée à hauteur de ses marginaux, criminels, journalistes et gardiens de la paix incarnés avec aplomb par des acteurs parfaitement distribués.

Ancrage local

Pour qui n’a pas lu le livre, qui rassemble toute la matière journalistique que Jake Adelstein n’a pas pu publier dans le journal qui l’employait à Tokyo, la première saison présentait un intérêt quasi documentaire en donnant un aperçu de l’emprise, insoupçonnable pour un Occidental, des yakuzas sur la société japonaise. Le point de vue de Jake, jeune journaliste débarqué du Missouri pour fuir une situation familiale tendue, et embauché par un grand quotidien local grâce à son excellent niveau linguistique, en constituait le centre de gravité.

Celui-ci se brouille un peu dans la deuxième saison, à mesure que la série se « japonise » – l’épisode 7, qui se déroule principalement aux Etats-Unis, n’est d’ailleurs pas le plus réussi. On y entend plus souvent le japonais que l’anglais, y compris dans la bouche des étrangers, et l’une des qualités de la série est de rendre cet ancrage local extrêmement naturel, y compris pour l’ensemble du casting, Ansel Elgort (Jake) et Rachel Keller en tête (Samantha). A l’heure où les choix linguistiques douteux pullulent dans la fiction – on pense aux villageois français parfaitement anglophones de Mister Spade, ou au broken english de The New Look –, cette cohérence témoigne d’une exigence au-dessus de la moyenne.

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