samedi, mai 18
Walid Ben Selim, en 2023.

« La poésie soufie, c’est que de l’amour ! » Joint par téléphone à Prague, jeudi 2 mai, le chanteur Walid Ben Selim s’enflamme et s’exalte. Il s’apprête à monter sur scène pour présenter Here And Now, un récital de poésie soufie, accompagné de la harpiste Marie-Marguerite Cano. Ils le reprendront le mardi 7 mai à la synagogue Copernic, à Paris, invités du Sacré Sound Festival, un nouveau rendez-vous musical francilien, dont la première édition se tient jusqu’au 18 mai.

L’événement entend « créer des passerelles entre les musiques sacrées et les musiques actuelles, des chants inspirés des liturgies juives, chrétiennes, musulmanes et de toutes les formes de spiritualité », selon sa directrice artistique, Laurence Haziza (également à la barre du festival Jazz’N’Klezmer). Chanter de la poésie soufie dans une synagogue – ce sera la première fois pour Walid Ben Selim –, c’est un geste qui fait sens en ces temps de tempête et de drame au Proche-Orient. Un geste d’apaisement, une question capitale, un engagement, insiste le chanteur, éperdument épris de poésie.

Il raconte être monté la première fois sur une scène à l’âge de 5 ans pour chanter des vers que lui avait appris sa mère, du poète palestinien Mahmoud Darwich (1942-2008), mis en musique par Marcel Khalifé : « Je me languis du pain de ma mère, du café de ma mère, des caresses de ma mère… »

« Un choc »

Né à Casablanca en 1984, Walid Ben Selim est installé en France depuis une vingtaine d’années, où il a créé, avec la chanteuse Widad Mjama, le groupe N3rdistan, qui mélange avec panache poésie, rap et électro. Il raconte avoir toujours aimé la musique. « Je ne voulais pas me mettre au lit sans que ma mère me fasse écouter des chanteurs », dit-il, citant l’Egyptien Abdel Halim Hafez (1929-1977) et le Marocain Abdelwahab Doukkali. « Je la harcelais jusqu’à ce qu’elle cède. » L’inévitable est arrivé. L’idée qu’un jour la musique serait son métier et que lui aussi il chanterait.

Sa mère, avocate dans le social, rêvait qu’il suive la même voie qu’elle. « Quand je lui ai dit que je voulais faire de la musique, ce fut un choc pour elle. » Elle l’a incité à poursuivre des études. Il a accepté, s’inscrivant à un master d’économie et management. « Quand j’ai eu terminé, j’ai encadré mon diplôme et je suis parti faire de la musique. »

Walid Ben Selim est passé par le conservatoire (pas un bon souvenir, il s’y sentait à l’étroit), puis le rap, le métal, mais ce qui l’anime encore davantage depuis des années maintenant, ce sont ses « amis », les poètes soufis dont il s’est fait le porte-voix : Hallaj (IXe siècle), Telemsani (Xe), Ibn Zaydoun (XIe), Abu Nawas (VIIIe)… Tous sont au programme de ce récital, créé à l’Institut du monde arabe, à Paris, en 2021.

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