lundi, mai 6
Sophie Binet, secrétaire générale de la CGT, au siège de l’organisation syndicale, à Montreuil (Seine-Saint-Denis), le 3 avril 2024.

Alors que Gabriel Attal a annoncé une nouvelle réforme de l’assurance-chômage, la secrétaire générale de la CGT, Sophie Binet, critique vivement le projet du premier ministre. Et annonce que son syndicat ne devrait pas signer l’accord voulu par le gouvernement pour un « nouveau pacte de la vie au travail », dont la négociation s’achève le 8 avril.

Le premier ministre, Gabriel Attal, veut que le modèle social incite davantage au travail, pour atteindre le plein-emploi. Que pensez-vous de cette orientation, présentée comme une réponse au chômage qui augmente depuis un an ?

Le gouvernement n’a plus aucun argument pour défendre une cinquième réforme contre les chômeurs. La justifier au nom de la dette ne tient pas, puisque les comptes de l’Unédic, l’association paritaire qui gère le régime, sont dans le vert. Pire, le gouvernement se contredit par rapport à son précédent discours : en 2022, il nous avait expliqué qu’il était nécessaire d’avoir une assurance-chômage contracyclique, avec des protections qui reculent quand la croissance s’améliore et l’inverse lorsque la conjoncture se dégrade.

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Alors même que les destructions d’emplois se multiplient ces derniers mois, le pouvoir en place nous certifie désormais qu’il faut encore durcir les règles d’indemnisation. Quant à l’idée selon laquelle il faudrait baisser les droits des chômeurs pour créer de l’emploi, elle n’est pas plus crédible, aucun économiste n’établissant une telle relation de cause à effet.

Le gouvernement objecte que c’est une réforme en faveur de l’activité et pour la prospérité, et que l’accent va être mis sur l’accompagnement des chômeurs, notamment avec la réforme du revenu de solidarité active…

Ce sont des mensonges, ça s’appelle du marketing. Il n’y a aucune mesure concrète pour mieux accompagner les privés d’emploi. On demande aux conseillers de France Travail [anciennement Pôle emploi] de concentrer leur énergie sur le contrôle et les sanctions, au lieu d’épauler les personnes dans la construction de leur projet professionnel. Cela engendre une souffrance très grande parmi les équipes, car on leur demande d’accomplir un travail contraire à leur mission de service public de conseil et d’accompagnement.

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Cette nouvelle attaque contre l’assurance-chômage rejaillit sur l’ensemble des salariés. La finalité de cette réforme, c’est de forcer les gens à accepter n’importe quel poste et de généraliser les petits boulots. Le gouvernement s’inspire des politiques de Gerhard Schröder en Allemagne et de Margaret Thatcher au Royaume-Uni.

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